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Un Grand Bazar

19 septembre 2010

Chuck

enfant_homme_lienBon bon, le dernier message ici date d'il y a bientôt un an, mais j'ai écrit assez récemment pour pouvoir poster un peu. Je doute que ce qui suit puisse occuper qui que ce soit, mais j'ai bien aimé écrire ça, même si ça m'a pris pas mal de temps pour que tout ait l'air naturel (et que je trouve le résultat moins bon que ce que j'aurais souhaité).

Ensuite, par habitude, j'ai mis une image sortie de ma galerie personnelle, récupérée je ne sais où sur Internet, mais que je trouve très sympathique. Ça va aussi bien avec le texte que des endives avec un gâteau à la banane et à la cannelle. C'est dire.
Malgré tout, je vous souhaite une bonne lecture.

Chuck

« Entre nous, tu sais, cette soirée ne me branche pas trop ma puce.
-Oh, ça va, c’est juste histoire de se présenter aux gens. Trois sourires, deux coucous, on grignote un peu, on boit gratuitement, et hop, on sera rentrés, bien au chaud.
-J’aurais préféré passer la soirée du nouvel an seul avec toi, je suis certain que ça aurait été bien plus… amusant.
-Je sais, mais écoute, je ne pouvais pas refuser d’aller à cette soirée, ma cousine m’en aurait voulu. On n’avait strictement aucune raison valable de ne pas y aller.
-Ouais, ouais, je sais, mais n’empêche que moi je trouve que c’est valable.
-Ben voyons… « Excuse-moi, ma louloute, mais bon, mon cher Aurélien préfère qu’on reste planqués sous la couette au lieu de venir à ta soirée ! ». Hyper valable, l’excuse.
-On aurait pu dire aussi que tu te sentais malade.
-J’ai passé la matinée avec elle…
-Raison de plus ! Moi aussi je veux te voir !
-Ben voyons, et tous les jours, ça te suffit pas déjà ?
-Ah, si, tu as raison. Je devrais essayer d’en récupérer une autre pour changer un peu. »
Je lui fais les gros yeux et mime une petite gifle, mais sa remarque m’a fait sourire.
« Pas touche aux autres. Tu m’as déjà juré allégeance.
-Vous êtes sévère, princesse.
-Sévère mais juste, mon brave.
- Juste, juste, ça, je n’en sais rien, mais j’entends bien recevoir une compensation à la hauteur de ce que j’ai perdu. »
Je commence à farfouiller dans mon sac à main, et lui tends une pièce de 50 centimes.
« Voilà pour toi.
-Ah ouais… y’a un service après-vente au moins ? Nan parce que avec tout ce que tu m’as déjà coûté, j’espère que tu vaux un peu plus que ça ma belle…
-Si je me vendais à ma vraie valeur, tu n’aurais jamais assez mon grand.
-Propose ?
-Oh, un bon million. Et encore, c’est un strict minimum.
-Punaise… Hé mais je pourrais gagner beaucoup avec toi ! »
Cette fois-ci, je ris franchement.
« Proxénétisme, pas mal. Encore un crime contre la femme à rajouter à une liste déjà bien trop longue.
-Méfie-toi, je pourrais devenir très méchant ma belle. »
Il m’embrasse. Doucement. Tendrement. Je sens sa main qui se promène doucement.
« Hé ho ! Ne froisse pas ma robe !
-Roh, ça va… Personne le remarquera si on est absents…
-Moi je le remarquerai.
-Mais non, puisque tu n’y seras pas !
-Méfie-toi, tu commences à tomber dans une logique déplaisante. »
Il s’arrête net, et semble fixer un point au loin, devant nous. Je me retourne vers lui, d’un air interrogateur.
« Regarde ! »
Je me retourne dans la direction qu’il m’indique. Il pointe une ombre, dans un recoin, près du mur de la gare. Je plisse les yeux afin de mieux voir l’objet qu’il me montre.
« AH ! »
Il vient de me mordiller l’oreille.
« Aurélien !
-Roh, ça va… »
Il recommence, tendrement, et se met à me susurrer :
« Allez, ta cousine elle-même ne remarquera rien. Dis-toi bien qu’elle ne s’était pas rendu compte de ton absence à ses 25 ans, on peut bien lui fausser compagnie une nouvelle fois…
-Il y avait davantage de monde, là on devrait être moins nombreux. Elle a invité les amis de son copain, quelques uns de ses potes à elle, d’autres cousins, son ex…
-Carrément ?
-Hey, mes tympans !
-Oups, pardon ma chérie.
-Fais gaffe ! Et puis, qu’est-ce qui te surprend tant ?
-Rien, c’est juste que je ne pensais pas qu’elle l’inviterait. C’est un peu indélicat de sa part, d’autant plus que c’est elle qui l’avait plaqué non ?
-Commun accord apparemment.
-Tu parles. Elle a dû le tromper tellement de fois… Le nouveau sait pas encore à quoi s’attendre.
-Oh, c’est mesquin ça.
-Je suis persuadé que j’ai raison pourtant.
-C’est monsieur jaloux qui ressort de sa cachette ?
-Parfaitement ! »
Je le câline amoureusement.
« Tu trouves pas qu’on est bien comme ça mon amour ?
-Si. C’est ce que j’essaye de te dire depuis un bon quart d’heure ma puce. On ferait mieux de rentrer, bien au chaud, et de se câliner devant un film dégoulinant de niaiserie et de guimauve à souhait, au lieu de s’obstiner à attendre dans le froid un RER qui manifestement ne veut pas venir.
-Bah, il est annoncé dans une dizaine de minutes.
-C’est le cas depuis qu’on est arrivés dans la gare, le panneau n’a absolument pas changé l’heure d’arrivée du train.
-Oui, bon…
-Saletés de grèves… »
S’ensuivent quelques trop longues minutes de silence, pendant lesquelles je grelotte, toujours blottie contre lui.
« T’as raison, Aurélien, le panneau change pas.
-Ben tu vois. Y’aura pas de RER. Allez, c’est un signe, on rentre !
-Hm, on peut peut-être attendre encore cinq minutes…
-Non non, ils ont parlé d’un rail endommagé au nord de Châtelet à la radio, juste avant de partir. Avec les grèves en plus, c’est sûr qu’on en a pour au moins une demi-heure d’attente, encore !
-Tu as écouté la radio quand, toi ?
-Toujours quand je me rase, princesse.
-Effectivement… Ca fait du bien d’avoir un copain qui ne pique plus, d’ailleurs.
-Tu apprécierais encore plus blottie sur le canapé devant un film inintéressant au possible. De nombreuses études scientifiques l’ont prouvé. »
Je ris encore.
« Quelles études ? J’aimerais bien les voir moi !
-Justement ! Ce sont toutes les études que j’ai faites. Allez, il ne passera plus ce satané RER, c’est bien une preuve qu’on doit rentrer ! Et puis c’est glauque, ce quai tout vide. On a le sentiment qu’on pourrait se faire trancher la gorge à n’importe quel moment. Par le mec là-bas, par exemple, avec son journal, alors qu’il ne doit strictement rien y voir là où il est.
-Tiens c’est vrai ça, comment fait-il pour lire aussi loin de l’éclairage ?
-Ca doit être Chuck Norris. Ah en parlant de lui, tu savais qu’il avait déjà compté jusqu’à l’infini ? Deux…
-Deux fois même. Oui, oui, je sais. Je ne compte plus le nombre de fois que tu me l’as racontée celle-ci.
-Tu as tort, tu pourrais tenter d’imiter Chuck. Il faut toujours imiter Chuck. Enfin, tenter.
-Ouais, ben en attendant notre train n’arrive toujours pas mon ange. Et je commence à avoir un peu froid. Je devrais peut-être demander à ma cousine de venir nous chercher ?
-Tu rigoles j’espère ? On a trouvé l’excuse en or pour ne pas la voir, et toi tu voudrais tout gâcher comme ça ?
-Mais c’est ma cousine quand même…
-Allez, je sais pertinemment que cette soirée te dérange au moins autant que moi. Faut dire qu’elle a le chic pour les soirées lourdes, ta cousine. Et c’est pas possible qu’elle réussisse à inviter toujours autant de gens, chiante comme elle est ! Elle les paie ou quoi ?
-Mais dis donc, c’est que tu serais presque vraiment fâché !
-Elle me gâche ma soirée, ta cousine.
-Hmm… Allez, un petit sourire mon amour. Je suis certaine qu’on va bien s’amuser.
-Ouais ben en attendant on se les gèle.
-Oui… Ah, mais peut-être qu’on devrait rentrer ?
-Très bonne suggestion ma puce !
-Ah, non, je voulais juste dire, dans le bâtiment de la gare.
-Bof, Chuck y est entré tout à l’heure, alors ça me branche pas trop…
-Chuck ? »
Aurélien me désigne le quai où nous sommes désormais seuls.
« Disparu. Tu as vu ?
-Ah oui.
-Il est peut-être planqué, en train de nous épier, à attendre la première occasion qui se présentera pour m’égorger et pour te violer…
-Oh, arrête tes âneries, ce n’est pas drôle !
-Ah bon ? Pourtant ça pourrait arriver. On ne sait jamais ce que le destin décide pour nous.
-Bien sûr que non ça n’arrivera pas !
-Évidemment, puisqu’on va rentrer.
-Tu deviens un peu lourd là.
-Tu grelottes de plus en plus, ma chérie, et je n’ai pas vraiment envie d’avoir ta mort sur la conscience. Allez, s’il-te-plaît, dis-moi qu’on va rentrer. S’il-te-plaît. S’il-te-plait. »
Il me fait le coup du regard de chien battu. Classique. Mais toujours aussi efficace, il est tellement mignon quand il fait de tels yeux…
« Bon… Ça fait bien cinq bonnes minutes ?
-Cinq bonnes minutes que… ? Ah, oui, évidemment ! Et le RER n’est toujours pas là. Allez, hop, on plie les bagages et on rentre au bercail. Bien au chaud. »
Il attrape ma main et se dirige vers la sortie de la gare.
« Ah, attends, le panneau…
-Trop tard, trop tard, on avait dit cinq minutes !
-Mais…
-On a largement dépassé les cinq minutes !
-Bon, d’accord. Mais alors c’est toi qui prépareras le dîner !
-T’as pas froid aux yeux dis-moi… »
Au moment où l’on s’apprête à quitter le quai, une ombre surgit de la porte du bâtiment. Une forte odeur d’alcool m’assaille. Chuck se tient quelques mètres devant nous, hagard, ricanant, grimaçant. Ses dents sont toutes plantées de travers, jaunâtres. Je ne regarde qu’elles dans l’éclairage blafard de l’entrée de la gare. Il est agité de spasmes affreux et me fixe. Je m’agrippe confusément à Aurélien, qui se met devant moi pour me protéger. L’homme nous observe, semble un moment hésiter, puis se met à courir dans notre direction, en hurlant. Par réflexe, je ferme les yeux. J’ai vaguement le sentiment de crier.
« Calme-toi, ma belle ! »
C’est la voix d’Aurélien. Je reconnais soudain le signal caractéristique annonçant la fermeture des portes du RER. Chuck est monté dedans. Sans rien faire que la morale réprouve, qui plus est.
« Ben dis donc, avec toi, le délit de sale gueule a encore de beaux jours devant lui…
-Mais c’est de ta faute ! Tu te rends compte du nombre d’horreurs que tu m’as dites sur ce pauvre homme !
-Tiens donc, il n’y a même pas 15 secondes c’était un assassin et un violeur complètement malade, et maintenant, voici ce brave Chuck devenu un « pauvre homme » ? Quel revirement de situation !
-Oh, ça va, moque-toi ! En attendant on a loupé le RER !
-On s’en moque, on rentrait. De toute façon, après toutes ces émotions, je suis sûr qu’un bon bain te ferait le plus grand bien. Ca te relaxerait au moins. Allez, viens. En plus tu n’as pas envie d’attendre le prochain, n’est-ce pas ? »
Après un dernier regard vers le quai désert, je décide de le suivre, et me blottit contre lui.

 

« Merde… Oh putain, c’est pas vrai… »
C’est en entendant ces douces paroles que je me réveille, après une excellente soirée en amoureux.
« Qu’est-ce qui t’est arrivé, mon ange ? Il y a un problème ?
-Je… Juste le journal. Oh putain, c’est pas possible… »
Aurélien, debout dans l’embrasure de la porte, me jette un regard désemparé.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Encore un attentat ?
-Non, non, ma puce… Oh bon dieu. »
Sa réticence à me dire ce qu’il vient d’apprendre m’intrigue immédiatement. Je lui jette un regard interrogateur, qu’il fait semblant d’ignorer.
« Aurélien. Montre-moi ce journal, s’il-te-plaît ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Il hésite encore un instant, puis, comprenant soudain qu’il n’a pas le choix, il vient me rejoindre dans le lit et me prend dans ses bras avant de finalement me confier le journal du matin.
« Je suis vraiment désolé… »
J’ouvre doucement le journal et le feuillète. Soudain, une page attire mon attention. A la légère crispation d’Aurélien, je comprends aussitôt que c’était bien ce qu’il fallait voir. Ou plutôt, ne pas voir. Je reste un instant abasourdie. L’article titre en gros « Massacre passionnel : aucun survivant après cet acte de démence ». Sur la page s’étalent deux photos. Une de Chuck, couvert de sang. Et une autre, qui montre ma chère cousine dans les bras de son ex. Mes yeux passent rapidement d’une photo à l’autre. Mon cerveau refuse de comprendre.
« C’était lui, me murmure finalement Aurélien, tout doucement, au moment précis où je reconnais enfin Chuck. Ou plutôt, l’ex de ma cousine. »

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23 septembre 2009

Rechute

MourranteComme on pouvait s'y attendre, la quantité de textes postés ici a tendance à grandement diminuer. J'ai un peu de temps à perdre aujourd'hui, donc voici de quoi occuper quelqu'un qui tomberait par hasard sur ce blog.
C'est un texte récent, je l'ai écrit il y a quelques semaines (ou quelques mois ? Je ne sais même plus exactement). Du tout frais tout neuf donc.

Celui-ci, je ne sais pas quoi raconter dessus. Vous qui avez du temps à perdre, lisez-le, vous qui êtes pressés, occupés, qui êtes tombés ici par hasard mais ne comptez pas continuer, vous pouvez cliquer sur la flèche, en haut à gauche, et revenir en arrière. C'est tellement simple Internet.

Bonne lecture (ah ?) à ceux qui choisiront de continuer, quant aux autres, merci de votre visite.

Rechute

« Tu sais, je l’entends encore, ce ricanement. J’entends encore rire.

-Mais de quoi tu parles ?

-Le ricanement dont je t’ai déjà parlé, cet immonde écho de rire, qui s’obstine à résonner dans ma tête.

-Justement. Tout ça, c’est dans ta tête, dans ta tête uniquement. Calme-toi. Dors maintenant. Tu n’es pas responsable de tout ça. Prends tes médicaments, et dors. Ca ira mieux demain.

-Mais on rit dans ma tête !

-Dors. Rêve. Ca passera. Va simplement te coucher.

-Ca passe tout le temps, tôt ou tard, mais le répit est toujours de trop courte durée.

-Dors. Arrête de te perturber pour si peu. Prends un somnifère. Ca passera.

-Tu l’entends toi ?

-Dors. »

 

 A mon réveil, le lendemain matin, le ricanement a cessé dans ma tête. Soulagée, je décide de paresser un peu sous les draps. Quel bonheur de n’avoir rien à faire de la journée, et de ne plus entendre ces immondes rires pour quelques jours ! Je crois me souvenir qu’il s’est passé quelque chose, quelque chose qu’il faut que je parvienne à me rappeler. Oh, ma pauvre mémoire… Ma pauvre tête… Je remarque tout à coup que j’ai un début de migraine. Je me traîne jusqu’à la porte de la cuisine, toujours en pyjama. J’ouvre l’un des mignons placards en bois, en sors en cachet d’aspirine et une boîte de somnifère, puis vais me chercher un verre d’eau. Aspirine. Somnifère. Je ne ferai que dormir aujourd’hui.

 Alors que je retourne vers ma chambre, j’entends soudain quelque chose gratter derrière la porte d’entrée. Après un coup d’œil par le judas ne m’éclaire pas davantage sur l’identité de mon mystérieux visiteur. Je pousse un petit soupir. Ca doit encore être lui. Un tour de clef, et j’ouvre la porte à Titan. Le félin vient se frotter contre mes jambes. Tout à coup étrangement fatiguée, je le prends dans mes bras, retourne dans la cuisine avec mon fardeau, m’assieds sur l’une des chaises et commence à le caresser. L’animal ronronne doucement sous ma main.

 

 Je finis par m’éveiller dans ma chambre. Je me redresse et tente de reconstituer les événements. J’ai vaguement le souvenir de m’être traînée jusqu’à mon lit. Soudain, dans le silence de ma petite maison, retentit un miaulement effrayé, aussitôt suivi par un ricanement, bien trop familier. Un instant, je reste figée, parfaitement silencieuse, blottie entre les draps chauds, à guetter les bruits de cette maison immobile. L’ignoble rire ne se refait heureusement pas entendre. Je tâtonne doucement dans le noir, finis par trouver l’interrupteur, et me lève lentement. Dans le miroir, une femme d’un certain âge aux traits tendus et à l’air fatigué me regarde fixement. Elle remet rapidement en place ses cheveux blancs. Je lui adresse un pauvre petit sourire, qu’elle me rend aussitôt. Rassurée, j’enfile rapidement une robe de chambre grise par-dessus ma vieille chemise de nuit.

 Alors que je m’apprête à quitter la pièce, je crois entendre un craquement en provenance de la cuisine. Je me retourne vers mon lit, hésite, puis finis par me saisir d’un parapluie jeté contre le mur. Empoignant fermement mon arme de fortune, je me dirige vers la cuisine. Tout à coup, un détail anormal attire mon attention. La porte d’entrée est ouverte. Je peux, du couloir, voir la lumière des réverbères dehors. Je me dépêche de la refermer, le plus silencieusement possible. Un petit claquement crève soudain le silence au moment où le battant vient cacher la rue. Ce seul son me fait sursauter et manque de m’arracher un petit cri de surprise. Je reste un instant pétrifiée dans le silence de la maison vide. Après quelques secondes qui me semblent durer une éternité, j’ose finalement reprendre ma route vers la cuisine. Une fois à l’entrée de la pièce, je tends l’oreille, mais n’entends absolument aucun son. Courageusement, j’allume alors la lumière, brandissant toujours mon parapluie devant moi. Un hurlement. Mon arme de fortune chute à mes pieds. Le cœur battant, je me retrouve dans ma chambre. Deux tours de clef, vite. Ma tête, oh, ma tête… Ce sinistre ricanement, de nouveau, emplit mes oreilles.

 

 Je ne sais pas tout à fait combien de temps s’est écoulé avant que je réussisse finalement à me calmer. Quand j’ai parfaitement récupéré mes esprits, j’étais recroquevillée sur mon lit, le visage baigné de larmes. Dans ma tête tournent et retournent toutes ces hideuses images. Titan… La chose qui a réussi à entrer chez moi, où est-elle passée maintenant ? Titan, le ventre déchiqueté. Le sang qui ruisselle, semble s’écouler du corps encore agité de l’animal. Ses tripes, exposées à l’air libre, en partie explosées par de violents chocs, comme des coups furieux de fou, ces deux trous ensanglantés qui avaient été des yeux… Et, partout dans la cuisine, cette atmosphère grave, l’odeur de la mort, la lumière froide qui se reflète dans le sang répandu au sol. Dans ma tête, le ricanement reprend soudain. Je me précipite sur la porte de ma chambre. Fermée ! Verrouillée ! Enfermée ! On m’a enfermée ! Les clefs, à portée de main. La petite clef jaune. Elle tourne directement dans la serrure. Vivement, je me jette hors de la pièce.

 Dans la cuisine, Titan git toujours. Silencieux pour l’éternité, ses orbites ensanglantées me fixent, comme pour me reprocher mon sommeil au moment où lui agonisait sur le froid carrelage. Autour de lui, une petite flaque de sang séché et différentes traces brunâtres attestent du crime affreux commis par cette chose. Doucement, je me baisse et me saisis du parapluie abandonné au sol. Je sors en silence de la cuisine. Je prends soudain conscience que la chose qui a tué Titan peut encore rôder dans les parages, et qu’elle est peut-être encore même dans la maison. Ce lieu m’étouffe. J’ai besoin de sortir. De l’air, il me faut de l’air frais. Je veux sortir ! Laissez-moi sortir ! La porte d’entrée… Je me jette contre elle. La poignée, vite ! Elle tourne toute seule, et le battant s’ouvre en grand. Dehors, enfin ! Je me précipite dans la rue, hagarde.

 

 Il fait encore nuit. Je marche rapidement. Je me rends soudain compte que je suis restée pieds nus. Qu’importe. Impossible de retourner là-bas. Je marche. Droit devant moi, sans chercher à savoir où je vais, je me contente d’avancer. A intervalles réguliers, la lumière des réverbères éclaire des tâches de sang séché sur mon parapluie. Sans m’en rendre compte, j’ai dû le faire tomber dans le sang encore frais de Titan. Le pauvre animal… Je revois encore son petit corps déchiré. De nouveau, le sinistre ricanement résonne dans ma tête. Mes pieds me promènent dans la ville silencieuse sans que j’aie réellement conscience du trajet que j’emprunte. Je veux juste m’éloigner de la maison. Parfois, la sensation de froid me saisit soudain, pour disparaître presque aussitôt, comme un mauvais rêve. Le choc de la mort de Titan… Je continue de marcher, sans penser davantage, les pieds gelés.

 Alors que je commence enfin à reprendre mes esprits, j’aperçois soudain Titan. Je m’approche, comme hypnotisée par le fantôme de mon chat, et doucement commence à le caresser de la main gauche. Il ronronne. Ce n’est pas lui, ce n’est pas mon chat, celui-ci est plus mince que mon cher Titan, plus foncé aussi. Je sens, sans vraiment m’en rendre compte, ma main droite raffermir sa prise sur le parapluie. Avec horreur, je me vois soudain frapper le petit animal. Une image du sol de ma cuisine me revient tout à coup. Rageusement, horrifiée, je me vois abattre de nouveau le parapluie sur le pauvre chat, qui tente de me griffer. Sans que je puisse faire quoi que ce soit, mon bras droit frappe de nouveau le félin, brutalement, le transperçant cette fois au niveau du ventre. Ma main gauche le serre à la gorge. Je regarde, affolée, ses yeux inexpressifs qui me fixent, boules de lumière que mon arme détruit en deux coups, dans un jet de sang frais. De nouveau, je revois le sol de la cuisine quand j’ai découvert le cadavre saccagé de Titan. Le sang était sec. Mon bras droit s’abat de nouveau sur le corps détruit de l’animal, qui, dans un dernier sursaut de vie, parvient à me griffer. Encore une fois, je frappe, sans plus rien tenter pour m’empêcher d’agir. L’animal s’effondre au sol, dans une petite flaque de sang. Je contemple mon arme, fascinée par ma propre terreur. Et de ma gorge s’échappe cet ignoble ricanement. Encore une fois.

11 février 2008

Eux

Atmosph_reIl y a un moment que je n'ai rien publié ici (et plus longtemps encore que je n'ai rien écrit =/), il serait donc temps de plonger dans ma réserve de fics, écrites il y a déjà plusieurs mois, et qui patientent gentiment...
Au passage, ce blog a plus d'un an, ça y est (le pauvre, son anniversaire a dû être bien triste, tout seul...).

Malgré tout, un gros merci aux gens qui continuent d'y passer (ahah, les statistiques vous ont repérés).

Donc voilà, je reprends, histoire de "poster quelque chose" et "montrer que ce blog n'est pas définitivement mort".
En revanche, j'ignore quand est-ce que je posterai de nouveau, après ça.

Bonne lecture ! (ça fait beaucoup de blabla pour rien, au final...)

Eux

            Je suis une adolescente de seize ans. Mes longs cheveux dorés, mes magnifiques yeux bleus, mon sourire charmeur font de moi une fille que les garçons trouvent magnifique. J’ai un petit ami qui est fou de moi. Mes parents m’aiment et gagnent bien leur vie. J’ai toujours eu beaucoup d’amis. Je suis ce qu’on appelle une « chanceuse ». C’est, du moins, ce que j’ai toujours cru…

            En réalité, je n’ai pas de chance. Oui, la vie me sourit. Oui, je suis toujours la première. Oui, les gens m’aiment. Mais mon existence si parfaite est bâtie sur du vide. Tout ça, c’est creux. Je m’en suis rendue compte il y a peu, par hasard…

            Ce secret que je vais vous révéler pourrait pourrir votre existence. Car si vous lisez ceci, c’est que vous faîtes partie des gens comme moi. Du moins, c’est ce que j’espère. Il me semblait qu’eux ne liraient jamais ça. Eux ne lisent pas vraiment. Si vous êtes comme moi et tenez à garder une vie normale, ne continuez pas votre lecture. Je vous jure que vous le regretteriez.

            Ce n’était pas vraiment joyeux, de découvrir la vérité. Encore une fois, je vous préviens, ne lisez pas davantage si vous n’êtes pas prêts à savoir. De votre ignorance pourrait dépendre votre vie.

            C’était un jour comme les autres, excepté cette douleur qui déchirait mon ventre. Une douleur habituelle, mais à laquelle je ne pouvais faire face sans médicaments. Or je m’étais rendue compte que je n’en avais pas.

            Plutôt que de déranger inutilement mes amies, j’ai eu l’idée de rentrer chez moi durant le cours de Français, en prétendant devoir me rendre aux toilettes. Ma maison étant à deux rues du lycée, mon absence ne devait pas être trop longue, et en moins de dix minutes, je serais revenue à ma place. C’est, du moins, ce que je pensais.

            Par malchance (ou peut-être était-ce plutôt de la chance ?), je n’avais pas mes clefs ce jour-là. Mes parents travaillaient (c’est, du moins, ce que je pensais), j’ai donc fait le tour de la maison, coupant à travers le jardin d’une amie, pour récupérer la clef qui ouvre la porte de derrière, accrochée dans le couvercle de la poubelle. Et je suis entrée, évidemment.

            Par habitude, je marchais doucement, silencieusement. Et je suis passée près de l’entrée. Par réflexe, j’ai jeté un coup d’œil à la porte, et je me suis arrêtée net. Comment vous expliquer ce choc ? Ma mère était là, debout dans l’entrée. Prête à m’accueillir, face à la porte. Elle ne bougeait pas. Elle n’avait pas dû m’entendre. Je me suis éloignée, doucement, effrayée. Elle semblait morte, debout devant cette porte qui ne devait pas s’ouvrir avant trois longues heures. Ma chère mère était alors censée se trouver au bureau, travaillant durement pour gagner sa vie. Elle ne pouvait pas se trouver à la maison…

C’est vrai que chaque jour, elle m’ouvrait la porte juste après que j’ai sonné, et m’accueillait avec un grand sourire. Mais de là à patienter derrière la porte, jusqu’à ce que j’arrive, au lieu d’aller travailler ? Non, il y avait un pas que je me refusais à franchir. Ce qu’elle faisait là, pour le moment, je l’ignorais. Curieusement, je n’ai pas un seul instant pensé à aller vers elle pour lui poser directement la question. Au contraire, je me suis éloignée, légèrement effrayée, mais encore bien loin de la réalité.

            Alors que j’entrais dans la salle de bain pour prendre mes médicaments, j’aperçus par la fenêtre la voisine, qui promenait son chien. Ce n’était pourtant pas l’heure de la promenade. Habituellement, elle le laissait sortir à l’heure à laquelle je quittais le lycée. C’est alors que je me suis rendue compte qu’elle n’avançait pas. Immobile, elle tenait la laisse de l’animal, qui restait tout aussi figé, pétrifié au milieu du trottoir. D’ailleurs… Pourquoi n’y avait-il aucune voiture dans la rue ?

            J’ai pris mes médicaments et suis sortie de chez moi, aussi vite que possible. Soudain, la voisine m’a aperçue. Elle a lâché la laisse de son chien, qui s’est précipité vers moi, tandis que, telle un automate, elle courait après lui. Je me suis enfuie, mais, de partout, les gens quittaient leurs maisons. Soudain, la voiture de mon père a surgi au détour d’une rue. Il n’aurait jamais dû se trouver dans les parages. Il était censé travailler, tout comme ma mère, qui me poursuivait aussi. Lui rentrait plus tard, un peu après mon retour du lycée. Et pourtant, ils courraient, tous, derrière moi, en silence, sans laisser échapper le moindre cri.

            C’est par automatisme que je me suis précipitée vers la maison de mon petit ami. Il m’a ouvert directement, m’a fait entrer en silence, puis m’a désigné le canapé, avant de s’asseoir en face de moi. C’était étrange. J’en étais déjà consciente, à ce moment, j’aurais dû m’enfuir, mais je voulais savoir. Enfin, après une trop longue minute, il a ouvert la bouche et annoncé, d’un ton mécanique : « Ecoute, Julie. Pourquoi tu n’es pas restée au lycée ? Tu n’as prévenu personne de ton départ, en plus. Et, malheureusement, personne ne t’a repérée avant ta sortie de chez toi. On ne pouvait pas agir en conséquence. C’est comme ça. Les automates ne réagissent qu’en fonction de toi, dans cette partie du monde. Nous avons été créés pour vivre uniquement selon tes actions, afin de t’étudier. Nous devons comprendre ton espèce. Votre existence est peut-être une erreur. Tu m’entends ?

-Mais…

-Nous savons tous exactement tout ce que savent les autres. Tu aurais dû prévenir tes amies. Comme cela, tu n’aurais jamais subi ça. Tes parents auraient été absents à ton retour, comme prévu.

-Mais, Arnaud…

-Après ta mort, on aurait fait naître un autre humain pour te remplacer ici, afin de l’étudier aussi. Il aurait fallu attendre que tu meures de vieillesse, ou te tuer par accident ou par maladie si tu avais vécu trop longtemps et que tu avais cessé d’être un sujet intéressant. Mais ça, ce n’est que la théorie.

-Arnaud… Qu’est-ce que tu racontes ?

-La vérité, Julie. Rien que la vérité. »

            Je me souviens parfaitement de cette scène. Il y avait ces yeux, ce regard vide, tandis que sa bouche laissait s’écouler tranquillement ce flot d’absurdités. Je me suis levée, j’ai attrapé une feuille et un stylo sans vraiment savoir pourquoi, puis je suis sortie, sous le regard vide d’Arnaud. Il a soudain semblé se réveiller, et, voyant que je partais, m’a lancé encore quelques derniers mots, étrange adieu. Je suis sortie, sans lui faire le plaisir de tourner la tête. C’était idiot de penser ça, car c’est un automate, après tout…

Mon petit ami n’est qu’un pantin… Grande désillusion.

            Je me trouve maintenant dehors, cachée dans le feuillage d’un énorme arbre. Ils ne devraient pas tout de suite chercher en l’air : je n’ai jamais été très douée en sport. J’écris cela en espérant que la personne qui me succèdera dans cet enfer trouvera ce morceau de papier. Dans ma tête tournent les dernières phrases qu’Arnaud m’ait dites, juste avant que je sorte de chez lui : « Julie, tu peux t’enfuir si tu le désires, je te préviens juste : maintenant, où que tu ailles, tu seras traquée. La chasse a commencé, et tu seras inévitablement tuée à la fin. Tu peux courir. Tu peux te cacher. Tu n’as nulle part où rester en sécurité. »

            Maintenant que vous lisez ces mots, je dois avoir cessé de vivre depuis déjà bien longtemps. Et vous, vous qui lisez ça et que je ne connais pas, vous avez le droit de ne pas me croire. Mais, je vous en supplie. Pour votre survie, et pour que la vérité puisse être connue des suivants, ne leur montrez jamais ça, à eux qui vous retiennent prisonnier sans vous le dire.

31 octobre 2007

Halloween

Happy_HalloweenComme annoncé précédemment (ouaip, un edit de "l'annoncé précédemment", et alors ?), voici un 'tit texte débile pour Halloween, parce que je l'avais déjà écrit. C'est vieux, ça a déjà quelques mois, mais comme je n'écris plus beaucoup (manque de temps et d'inspiration, les deux viennent ensemble, c'est la classe)... Enfin, ça se voit, il suffit de faire un minimum attention aux dates des posts.

Bonne lecture malgré tout !

Halloween

            Les yeux fermés, j’écoute le silence, mal installée dans mon lit. Je peste mentalement contre cet inconfort que je n’ai pas choisi. Ah, vivre riche ! Dormir comme une riche. Manger comme une riche. S’amuser comme une riche. Puis, finalement, enfin mourir riche ! Tout un confort, tout un rêve, tout un idéal…

Mais vivre pauvre… Ah, non ! Les humains se font trop facilement prendre au piège et finissent par en oublier l’essentiel. La planète est importante. Elle est maintenant notre pire ennemi. La pollution rend malade. Je suis vraiment bien placée pour le savoir… Elle rend malade. Elle détruit impitoyablement les poumons. Elle tue. Chaque année, tant et tant d’êtres meurent de cette création humaine… Et on continue à détruire la Terre, sans même se rendre compte de ce que cela entraînera bientôt.

Ah, me voilà repassée dans ma phase « écologiste ». Si c’est pas malheureux, tout ça… Je suis là, en train de me désespérer sur le sort de cette pauvre planète, dont les gens n’ont plus rien à faire… C’est assez pitoyable.

D’un autre côté, si moi je n’y pense pas, qui d’autre prendra donc le temps de s’inquiéter pour la Terre ? Moi, j’ai encore la possibilité d’y réfléchir à loisir, du sort de notre pauvre planète…  En fait, il ne me reste que la réflexion.

            Allez, fini de penser à tout ça ! Ca réussirait presque à me plonger en pleine dépression. J’ai même parfois l’impression que la douleur dans mes poumons revit. Ah, elle est bien bonne, celle-là !

Ce lit m‘énerve prodigieusement. Pourquoi donc suis-je si pauvre ? Je le sais, en fait. Difficile de travailler avec ma maladie. Difficile de payer le médecin censé retarder le jour de ma mort à l’aide de sa science…

J’aurais aimé que, parfois, ma poche soit davantage remplie, et que mon estomac en fasse autant.

Ah, zut ! Je commence à m’apitoyer sur mon pauvre sort, moi ! Bon, résumons, les sujets de réflexion à éviter désormais sont donc : notre malheureuse planète et mes poumons malades. Mouais… Voilà qui réduit grandement le nombre de mes idées. Qu’il est malaisé de tenir une conversation intéressante avec soi-même, parfois !

            Dehors, il doit maintenant faire nuit noire. J’aime la lune, quand sa pureté n’est pas voilée par d’atroces nuages de pollution… Ah, mais vraiment, c’est une obsession ! Quoi que je pense, j’en reviens à ça, on dirait… Quoi que je fasse… Je ne vais tout de même pas me priver de la pâle lumière de la lune pour si peu !

Quoi que… « Si peu », « si peu »… C’est vite dit. C’est tout de même ça qui m’a rendue aussi malade. Ouais, en fait, ça doit être pour ça que je déteste autant cette satanée pollution. Déjà, avant tout ça, voir de la neige noire me déprimait totalement. Elle était grise, autrefois, je m’en souviens ! Oui, quand j’avais huit ou neuf ans et que je jouais dehors, les rares fois où il neigeait, la neige était d’un gris si doux… Et quand j’étais vraiment petite ? Blanche, paraît-il. D’une couleur que les adultes prétendent si pure qu’on pouvait rester plusieurs heures à la contempler, sans pouvoir s’en lasser. Hé oui… C’est ce que les gens disent, depuis quelques années. Je les ai entendus en parler, parfois Et ils regrettent, les rares fois où il neige encore. Ils regrettent l’ancienne Terre, rien qu’un instant. Ils se souviennent. Ils soupirent. Ils se rendent compte de ce qui s’est passé. Puis ils oublient. Mais cette historie de neige blanche, je n’y crois qu’à moitié. Je ne sais plus comment c’était, avant. Gris ? Blanc ? Peu importe maintenant que le monde est noir de suie.

            Tiens, on dirait bien qu’il y a du bruit, dehors. C’est normal, les enfants viennent très certainement réclamer des bonbons. Ils ont bien le droit de traîner un peu dans le voisinage. Après tout, nous sommes déjà le 31 Octobre. Ah, ça me rappelle ces nuits passées à sonner à chaque porte, bombes de peinture fraîche à la main, pour réclamer des friandises. Ce que le temps peut passer vite, parfois. Et pourtant, je ne m’amuse pas spécialement, moi. Eux si, très certainement, à entendre leurs rires.

J’essaie de les imaginer, ces petits fantômes, zombies, momies, vampires plein de vie, et autres sorcières. Portent-ils bien tous leur masque hygiénique, devenu obligatoire, à cause des nouvelles maladies véhiculées par l‘air vicié ? A quoi ressemblent-ils donc, ces jeunes loups-garous à la face cachée, ces diablotins et jeunes démones infernales aux visages masqués ? Les portent-ils bien tous, ou ont-ils choisi, inconscients du danger, de désobéir à leurs parents et de les enlever, pour goûter les friandises ?

L’envie irrésistible me prend d’aller vérifier tout cela par moi-même. Allez, juste un coup d’œil, rapide. Et, si jamais ils ne respectent pas les consignes… Allons, ce n’est pas parce que c’est aujourd’hui Halloween qu’il faut agir de manière inconsidérée ! Juste un coup d’œil. Oui, juste un rapide coup d’œil… Une petite engueulade, s’ils ne portent pas leurs masques. C’est tout.

            Doucement, je me redresse, me glisse hors de mon lit, silencieusement, et commence à monter. Lentement, sans le moindre bruit, je sors de ma petite demeure… Je les aperçois. Ils jouent et rient joyeusement. Heureuse de sortir un peu, grisée par ces rires, je m’assieds à l’entrée de ma petite maison et contemple quelques secondes la lune, avant de me tourner vers eux. Ils ne m’ont pas vue.

« Les enfants ? »

Ils s’arrêtent soudain de rire. Comme un seul corps, ils font volte-face.

« Que… »

La sorcière qui vient de me parler écarquille ses yeux, qui deviennent deux puits où l’horreur se reflète.

« Les enfants… Ecoutez… Oui, écoutez ! Remettez vite vos masques, si vous ne voulez pas finir comme moi. »

Ils s’enfuient. Je soupire. Ah ! Ils ont oublié leurs bonbons. J’essaie d’en attraper un, machinalement, pour le manger… Sans corps, la tâche s’avère évidemment impossible. Je l’ai laissé en bas. Je soupire de nouveau, avant de me retourner vers ma demeure. L’épitaphe indique clairement : « Tuée à dix-sept ans par l’inconscience de l’humanité ». Bon, mon corps m’attend plus bas.

29 septembre 2007

Mains sanglantes

la_mutil_e_aux_rosesAllez, une petite bêtise de plus sur ce blog. D'ailleurs, c'est le 40eme. Plus d'un mois après le précédent, d'ailleurs. Entre temps, j'en ai écrit deux autres, pas trop le temps.

Bon, vais faire court. C'est fini, bonne lecture.

Mains sanglantes

J’ai tué ma sœur. Pas parce qu’elle m’agaçait ou quoi que ce soit. Non, j’ai tué ma sœur, comme ça. Avec le couteau de cuisine. Pour voir ce que ça me ferait. Elle n’a rien dit. Elle ne m’a pas vue approcher. Et je l‘ai tuée, comme ça, si facilement…

J’ai tué mon frère. Lui, il l’avait mérité, il a voulu appeler la police en voyant le corps de sa sœur jumelle, étendu, sans vie, à mes pieds, et mes mains, mes mains rouges de sang. Comme s’il avait demandé à mourir. Je l’ai donc tué. Pas égorgé comme elle. Il me voyait, il a voulu courir. J’ai dû planter le couteau de cuisine dans son dos. Il y a eu ce bruit, étrange, son petit cri… C’est fou ce qu’il peut être lourd, mon frère. Mais du coup, le couteau a quitté son dos tout seul, si simplement. Ca me fait penser aux trahisons. « Poignarder dans le dos ». Une expression qu’il a tellement utilisée.

J’ai tué ma mère. Elle, par contre, elle a eu le temps d’appeler la police. Dommage. Ce n’était même pas amusant. Maintenant, ses cheveux sont tous collants, poisseux, rougis par le sang de ses enfants. C’est amusant.

J’ai tué mon père. Coups de couteau dans son gros ventre, puis coup de couteau dans la gorge. Ca marche tellement mieux. Note pour l’avenir, visez le cou directement fait gagner du temps. Je traîne son corps vers la cuisine. Ma sœur, mon frère, ma mère, mon père sont tous là, rassemblés, ils me fixent de leurs yeux vides…

Je les ai tués. Et pourtant, je ne ressens rien. Non, ce n’est pas tout à fait vrai. Je sens sur mes mains la douce chaleur du sang versé. C’est une sensation si belle. J’aime cette couleur, rouge, j’aime cette odeur, envoûtante, j’aime tout de cette atmosphère étrange. J’aime le sang.

Puis la police est arrivée. J’ai tué les premiers qui ont tenté de m’arrêter. Ils n’ont pas le droit. Ils sont tous inutiles. Idiots. Mauvais. Leur cruauté n’a d’égale que leur stupidité. Et ils sont si égoïstes… Incapables d’avancer après avoir vu les cadavres. Le premier qui s’approchera maintenant mourra aussi, ils le savent. Aucun n’accepte d’être celui-ci. Pourtant, si certains acceptaient de se sacrifier, certainement ils pourraient m’arrêter… Je souris à l’homme le plus proche. Il tremble. Ils n’ont pas le droit de se servir de leurs armes à feu. Parce que je suis un enfant. Je ne suis qu’une petite fille… Une personne innocente… Mais j’aime le sang.

Je souris de nouveau au policier. Je lui montre tranquillement mes mains sanglantes, rouges, rouges, rouges. Encore un sourire.

« Vous savez, Monsieur le policier, je vais guérir le monde. Il ne faut pas qu’on reste en vie, nous tous… »

Il tremble davantage encore.

Les humains sont peureux. Pourquoi ne voient-ils pas le futur que je leur propose, si merveilleux ? Ils suffiraient qu’ils fassent un pas, chacun, l’un après l’autre, et la planète leur en serait tellement reconnaissante… Mes mains sanglantes les attendent. Ce n’est pas parce que je n’ai que quatorze ans que je ne sais pas ce qu’il faut au monde.

Ils ne bougent toujours pas. Je m’assieds sur le corps de mon père, tranquillement, sans les perdre de vue et continue à attendre. Ils n’osent pas entrer davantage dans la pièce, et ceux qui y sont déjà meurent d’envie d’en sortir, cela se voit. Les cadavres de ceux qui avaient été ma famille ne doivent pas être étrangers à cette situation. Mes mains rouges doivent les effrayer aussi.

« Vous ne voulez pas entrer… »

Un homme s’avance. Ce n’est pas un policier. Il n’en porte pas l’uniforme. Peut-être travaille-t-il dans la psychiatrie ?

« Ecoute, ma petite... Acceptes-tu de me laisser entrer ? »

On dirait que j’ai vu juste.

« J’aimerais comprendre pourquoi une grande fille comme toi s’est mise en colère au point de frapper ses parents avec un couteau. »

Il doit lui-aussi se fier à mon physique. Non, l’enfant que vous avez devant vous n’a pas fêté ses dix ans tout récemment. La fillette aux mains sanglantes est plus âgée que vous semblez le croire. Mais j’aime me faire passer pour plus jeune, bien plus jeune que je ne le suis réellement.

Je veux un monde plus beau. Un monde sans humains, un monde pur. Est-ce donc si compliqué à comprendre ?

« Alors, je peux entrer ? »

Il semble prendre mon silence pour un « oui ».

« Bien… »

Je le fixe d’un œil surpris. Comment ? Il ose m’approcher ? Je lève mon couteau, goutte de sang qui tombe et vient rejoindre la flaque rouge au sol.

« Non, non ! Ne m’attaque pas… »

Il est stupide. Tellement idiot. Il s’agenouille, persuadé qu’il m’a apprivoisée.

Le couteau s’abat. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois. Six fois. Sa gorge, percée de toutes parts, laisse s’écouler un flot de sang, véritable fontaine rouge. C’est beau. Tellement joyeux. On croirait voir un feu d’artifice. Un dernier coup de couteau, explosion de joie, sang qui gicle. Je sers contre ma poitrine la tête fraîchement tranchée.

Je lève les yeux, fixe tranquillement ces humains qui me font face. Parmi eux, une femme semble se demander ce qu’elle fait là. Elle n’était pas parmi les premiers arrivés. Je lui souris. Elle va mourir.

Devant moi, l’homme continue de trembler.

« Que faîtes-vous ici, Monsieur ? »

Il me regarde. Je crois que lui-même ne sait plus très bien la raison qui l’a amené dans ma maison. Il est au bord de la folie.

« Je veux un monde qui soit beau, Monsieur… Je veux que les humains ne souffrent plus jamais. »

Ses yeux descendent vers mes mains sanglantes. Il a toujours peur. Je viens tout juste de lui promettre la fin de la souffrance. Je vais donc lui offrir la fin du monde, ou, du moins, la fin de l’espèce humaine.

Un sourire, encore. Mon couteau sauvera ce monde. Je veux un monde parfait, construit sur le cadavre de l’humanité. Toute ma vie, je traquerai les humains et les tuerai. Je veux cet avenir sans cruauté.

Une détonation. L’homme le plus proche a tiré. Je crois qu’il m’a ratée… Ah non. J’ai mal. Ce rêve devait-il réellement mourir si tôt ? Ce que je voulais… Douleur dans la poitrine… Moi, tout ce que je voulais, c’était ça… J’ai du mal à respirer… Je voulais juste guérir ce monde. Le guérir de cette humanité qui le ronge. Pas mourir comme ça.

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28 août 2007

Grizzli

fillette_panth_reBon, ben, voilà, la fin de l'été (ou, du moins, des vacances scolaires) est proche. J'espère que vous en avez bien profité ^^" !

Je vous sers un truc écrit il y a déjà plusieurs mois, et il m'en reste des plus anciens encore ! (finalement, j'ai toujours un peu de marge, même s'il serait temps que je termine les deux trois en cours et que je corrige les plus récents)

L'image ne me plait pas plus que ça (la demoiselle est chou, mais la panthère est franchement énorme, non ?).

J'ai dû écrire ça au lycée. Enfin, on s'en moque. Bonne lecture !

Grizzli

« Hey Grizzli ! Tu viens ? »

Le chien aboya. Oui, il venait, et avec joie ! Il se précipita vers son maître, auquel il lécha gaiement la main.

« Tout doux, le chien ! Allez, on embarque ! »

L’animal ne comprit évidemment pas. Il continuait à courir autour de l’automobile, laissant paraître sa joie de simplement vivre, d’être là, avec ses maîtres adorés, bien nourri, et cela en échange de quelques aboiements agressifs face aux menaces de l’extérieur. Les enfants courraient avec lui, lui caressaient amicalement le poil, et la petite fille vint même poser son petit nez sur sa truffe, avant d’éclater de rire.

« Bon, les enfants ! Fini de jouer ! reprit la voix sévère du père. Dépêchez-vous de monter dans la voiture ! »

Aussitôt, les deux gamins abandonnèrent l’animal pour s’installer confortablement sur la banquette du milieu. Le gros véhicule à sept places était bien sûr une fantaisie, la petite famille n’avait rien à faire d’une telle voiture. Mais on l’avait récupéré gratuitement, un riche oncle, dont les enfants étaient maintenant adultes, l’ayant généreusement offert. Et on pouvait ainsi y transporter le chien, grâce à la banquette supplémentaire à l’arrière.

« Grizzli ! Ta place à toi est derrière ! Allez, dépêche-toi ! »

Le chien lâcha l’ancienne balle de football du petit garçon (personne d’ailleurs en l’apercevant n’aurait admis qu’il avait pu s’agir un jour d’un ballon), avant de se précipiter enfin dans la voiture, qui démarra aussitôt que la fillette eut claqué la portière.

« Les enfants, par pitié, faîtes taire ce satané cabot ! gronda tout à coup la mère, que les (rares) aboiements  de l’animal exaspéraient.

-Oui, maman… murmura doucement la fillette avant d’ajouter, à peine plus fort, à l’intention du chien : Dors, Grizzli ! On s’arrête tout à l’heure… On va pique-niquer, c’est bien ça, Papa ?

-On est bientôt arrivés ? commença le garçon d’un ton plaintif. J’veux aller à la mer, moi ! Y’en a marre de la voiture ! LA MER, LA MER !

-Le pique-nique d’abord ! coupa le père, tandis que la mère, ses écouteurs vissés aux oreilles, n’entendait déjà plus rien de ce qui pouvait se dire.

-Non, la mer ! »

Un regard noir du père, que le rétroviseur laissa apercevoir au garçon, suffit néanmoins à persuader ce dernier que son insistance risquait de lui coûter cher.

Après une hésitation, la fillette finit par murmurer, de sa toute petite voix toujours triste :

« Papa… Maman… Je crois que je commence à avoir un petit peu faim…

-Ah ! Ne t’inquiète pas, ma chérie ! On ne devrait pas tarder à s’arrêter ! s’exclama joyeusement le père.

-D’accord… Merci Papa... »

Le garçon fit semblant de ne rien avoir entendu, rien remarqué. Il boudait. Son ventre commençait à gargouiller, la petite fille le savait et faisait semblant de l’ignorer. Et, devant, la mère écoutait toujours sa musique sur son lecteur MP3.

« Ah ! Que pensez-vous de cet endroit-ci ? C’est très mignon, n’est-ce pas ? »

Le père arrêta la voiture à la lisière d’une forêt. N’était-ce pas lui qui affirmait pourtant détester les arbres ?

« On va dans les bois ? s’étonna la fillette.

-Oui, ma puce ! »

Le père lui souriait.

            Grizzli, attaché au pied de l’arbre par la corde, contemplait avec avidité la nourriture que se partageaient devant lui ses maîtres adorés. Le père veillait au grain, il ne fallait pas que l’on dévore le repas et que la nourriture vienne à manquer… Sa femme officielle était au chômage, tout comme les quelques autres qu’il avait pris l’habitude de fréquenter, en secret. Le budget familial diminuait encore avec les enfants qui grandissaient. Sa fille chérie, et l’autre, le garçon. Ce n’était pas son fils, il suffisait d’un regard pour le comprendre. Il nourrissait l’enfant d’un autre, et c’était encore ce qui le dérangeait le plus. Il avait ainsi, selon lui, une excellente raison d’être totalement indifférent à l’égard du garçon.

            Le chien aboya, encore une fois. Comment, pas un seul petit reste pour lui ? Le père rangeait déjà tout, et la famille remontait les maigres provisions dans la voiture. Les enfants allaient le détacher quand la mère, qui pour une fois faisait attention à ce qui l’entourait, leur fit signe d’entrer à leur tour dans le véhicule. Ils obéirent, malgré une courte hésitation. Pourquoi refusait-on qu’ils détachent le chien tout de suite ?

A peine la portière de la voiture claquée, elle était déjà verrouillée par le père, qui démarra en trombe, sans vérifier que son enfant était bien assise sur son siège, et attachée. La fillette hurla le prénom du chien, aussitôt imitée par son demi-frère. Et Grizzli, derrière le véhicule qui vivement s’éloignait de lui, toujours sagement attaché à son arbre, entamait la longue attente.

            Les maîtres étaient partis. Non, bientôt, ils seraient de retour, c’était absolument certain ! Ils l’avaient juste oublié, avec les vacances, la mer, ils étaient pressés d’arriver… Mais les enfants s’en rendraient compte, ils étaient gentils les enfants ! Les maîtres reviendraient, confus, ils se jetteraient sur lui, ils le serreraient dans leurs bras, en le félicitant de son attente, en répétant son prénom « Grizzli, Grizzli ! ». Oui, bientôt… Le chien s’allongea au pied de l’arbre. La corde était courte. Vraiment trop. Elle le gênait. Mais ce n’était pas grave, car bientôt il serait libéré par ses maîtres ! Il se redressa, et, lentement, fit quelques pas. Il pouvait à peine s’éloigner du tronc. Mais peu importait ! Car les maîtres, bientôt, seraient de retour ! Et à son oreille, de nouveau, résonnait son prénom, comme un petit mot qui veut dire la joie de vivre « Grizzli, Grizzli ! ».

Et pour ce nom, qu’il ne devait plus jamais entendre de sa vie après le double-hurlement des enfants, il grogna contre les rares personnes qui tentèrent de l’approcher pour le détacher. C’était son arbre. S’il partait, comment els maîtres le retrouveraient-ils ? « Grizzli, Grizzli ! » Oui, car, bientôt, ils seraient là, tous heureux d’enfin le retrouver, lui qui était resté si sage, près de l’arbre où ils l’avaient oublié, malgré les autres humains. « Grizzli… » Ce nom que la petite fille avait hurlé une dernière fois avant de disparaître à jamais, loin de lui.

20 août 2007

Paykuhan le voyageur

Chibi_FBVoici une fic avec tout ce qu'il faut pour la présenter etc... Je ne bablaterai donc pas trop.
J'ai ajouté un perso (désolée pour cet OC =/), et malheureusement... La fic tourne autour de ce perso supplémentaire -__-' (oui, tout ce qu'il ne faut PAS faire avec une fan-fic =/)

Bah, en fait, j'ai déjà fini mon blabla... (à part : "Oui, je suis de retour sur mon blog après plus d'un mois sans fics, mais finalement, étant donné mon absence soudaine d'inspiration, ne vous attendez pas à une augmentation du nombre de textes =/")

Paykuhan le voyageur

Disclaimer : Nan, les persos ne m’appartiennent pas. Aucun d’entre eux, donc pas la peine d’essayer de me racketter pour les récupérer. Ah, il y a par contre un personnage qui n’appartient pas à Natsuki Takaya (nanmého !), le dénommé Paykuhan. C’est (évidemment) le perso de Pay (plus connu sous le pseudo de « Paykuhan », mais bon, je préfère dire « Pay », perso, alors m’embêtez pas avec ça). Donc, je ne me fais pas d’argent sur leurs dos… Et oui, pas de contrat secret avec Natsuki Takaya ou Pay pour me faire gagner plein de thunes. Dommage. Avec un truc aussi mal écrit, ça marcherait pas, de toutes façons -__-‘ (mais j’vous jure que je me suis appliquée, pourtant)

Bref, bref, passons, ça part en free, ce disclaimer, pour changer. Donc, euh, je commence cette histoire un peu zarb’ (pour changer) que j’avais quand même envie d’écrire (et oui, encore une fois, je récidive).

A l’heure où je publierai ces lignes, cela fera plus ou moins un an que je bosserai sur cette fic… L’histoire est bouclée, sûre, depuis de nombreux mois, il s’agit juste de reformulations de phrases, et de petites modifications du même genre (attitude du personnage principal et petites erreurs de réalisme entre autres). D’où quelques incohérences avec les derniers tomes parus du manga (je ne prends pas en compte l’anime, que je n’avais pas encore vu à cette époque).

Fic lue et approuvée par Paykuhan, le plus sévère et le meilleur de tous les bêta-lecteurs =P.

Il portait de larges vêtements gris auxquels la terre et la poussière des montagnes s’étaient agrippées, et tenait d’une main la bandoulière abîmée d’une sacoche qui avait sûrement été plus remplie il y avait déjà quelques jours. Il avait l’air fatigué. Mais pourtant, il était enfin arrivé. Non, ce n’était pas encore la fin de son voyage. Pas tout de suite ! Mais il était enfin arrivé dans cette « ville-étape ». Il regarda avec un sourire les immeubles qui lui faisaient face, sans se préoccuper des regards surpris des passants qui se demandaient très certainement ce que pouvait bien être cette nouvelle mode d’occidental. Oui, il était enfin arrivé… Paykuhan contempla un instant l’immensité qui l’entourait, cette jungle urbaine qui se déployait de tous les côtés, et semblait vouloir l’aspirer.

Tokyo, enfin !

Le voyageur continua à marcher un moment. Ses pas le promenaient dans ce dédale de rues inconnues, au hasard des croisements. Il était à Tokyo, mais se trouvait être aussi parfaitement conscient de ne pas en avoir fini avec ses peines. Il n’avait pas encore trouvé « l’hôte », or la capitale du Japon était immense. Il devait se dépêcher.

Paykuhan se souvenait très bien du jour où il avait décidé de participer à ce concours. Il avait rempli le coupon-réponse, puis l’avait renvoyé, espérant être tiré au sort. Lui qui avait toujours rêvé de faire le tour du monde, il allait enfin pouvoir ! Et, chose surprenante, gratuitement ! Car le concours était organisé par une société de voyages et de séjours « à la dure » (avec, malgré tout, un équipement dernier cri, ce qui avait surpris le jeune voyageur au début de son périple), qui avait préparé ce jeu dans le but d’assurer sa publicité. Car la seule chose que chacun était certain de gagner, et ce malgré le grand nombre de participants, c’était un splendide voyage autour du monde. LE voyage que Paykuhan était en train de faire.

Il se souvenait  du moment où on lui avait solennellement annoncé qu’il avait été tiré au sort pour participer à ce concours, mais qu’il était finalement le plus jeune concurrent. Il se rappelait de l’instant où on lui avait expliqué les étranges règles de ce jeu, dont celles concernant ses noms et prénoms. Il revoyait encore le moment où on lui avait confié les divers appareils qu’il avait désormais dans sa sacoche, en lui expliquant qu’il devait trouver un « hôte » dans chaque « ville-étape », que cet « hôte » lui fournirait la somme d’argent nécessaire pour se rendre à la « ville-étape » suivante, tout en valident son passage… Tant et tant d’informations !

Soudain, le GPS, dans la sacoche, se mit à sonner doucement. Paykuhan le sortit précipitamment, sans se préoccuper du traducteur automatique situé juste à côté, et commença à fixer l’écran, cherchant la direction d’où le signal pouvait provenir. Dans sa précipitation, il manqua de lâcher le fragile appareil. Il maudit intérieurement la fatigue, qui s’accumulait depuis le début du voyage, et se traîna dans la direction d’où provenait le signal, affamé, exténué, mais heureux d’être enfin arrivé à Tokyo, cette ville qu’il rêvait de voir, après avoir dû traverser plus de la moitié du Japon.

Tohru revenait de la demeure Sôma, où Isuzu l’avait conviée afin de parler avec elle de « l’avancée » de leurs recherches respectives concernant la libération des Douze, quand elle aperçut soudain un jeune homme, qui ne devait pas avoir plus de dix-sept ans. Elle se demanda un instant ce qu’il faisait là, appuyé contre le mur, les jambes chancelantes, et qui il pouvait bien être. Un occidental, très certainement, qui lui rappelait étrangement Isuzu, elle qui s’obstinait à refuser de se rendre à l’hôpital, ne comptant plus que sur sa propre volonté pour tenir debout. Il semblait d’ailleurs se diriger vers la demeure Sôma. Tohru sortit soudain de sa rêverie et se précipita vers le jeune homme, curieuse. Elle lui demanda ce qu’il faisait là. Lui la regarda, sans comprendre. Elle réessaya, en articulant bien chaque syllabe :

« Bonjour, je suis Tohru Honda, je crois que vous avez besoin d’aide. Que faîtes-vous donc ici, et dans cet état ? »

Il la fixa, d’un air hébété, comme si elle avait parlé Javanais, puis, soudain, il sembla se rendre compte de quelque chose, et se mit à farfouiller dans sa sacoche, d’où il tira finalement un petit appareil, qu’il alluma. L’objet grésilla, puis, quand Tohru, curieuse, demanda de quoi il s’agissait, une voix, dans une langue que la jeune fille ne connaissait pas, sortit de l’appareil. Ceci sembla rassurer l’occidental, mais déstabilisa la jeune Japonaise. Le jeune homme murmura quelques syllabes étranges, mais, s’apercevant que son interlocutrice ne comprenait pas un mot de ce qu’il disait, il fronça les sourcils, tapota le petit engin, tenta de parler de nouveau dans cette langue que Tohru ne comprenait pas. Après un soupir, et à la surprise de la jeune fille, il se donna une claque phénoménale, qui eut pour effet de le faire tomber à terre. Prise de peur, la jolie Japonaise avait reculé, mais le jeune homme, en s’en apercevant, lui fit un grand sourire, avant de se relever et de murmurer quelques mots, dans cette langue que Tohru ne connaissait pas, mais qui était désormais doublée par du Japonais. La voix semblait provenir du petit appareil :

« Je m’appelle A… Hum,  Paykuhan. Je suis Français. Et je recherche les… Sôma. Oui, les Sôma. C’est pour le… concours… Il faut abso… »

Tohru n’eut pas le temps de réagir, en le faisant s’asseoir, le voyageur s’était déjà écroulé, affaibli qu’il était par la faim et la fatigue.

Quand Paykuhan se réveilla, il était allongé sur un futon, dans une maison qu’il ne connaissait pas. D’abord inquiet, il tenta de rassembler ses souvenirs. Comment était-il arrivé là ? Alors qu’il se dirigeait vers la demeure de son « hôte », il avait rencontré une jeune fille qui lui avait parlé, sûrement en Japonais. Son appareil traducteur ne fonctionnait plus très bien, comme il s’en était rendu compte à ce moment-là. Il avait donc dû se donner une énorme claque pour « secouer un peu » la puce implantée, au début du concours, dans son corps, merveille de technologie qui lui permettait de « parler » Japonais, et tant d’autres langues, ainsi que « d’entendre » en Français ce qui se disait autour de lui. D’après ce qu’il en avait compris, les informations étaient directement envoyées par l’appareil jusqu’à la puce, puis de là à son cerveau, et inversement. Heureusement que le fragile composant n’était pas d’avantage endommagé.

Il s’était très certainement évanoui ensuite, de fatigue, de faim… Cela expliquait l’absence de souvenirs liés à son arrivée ici. Mais où se trouvait-il ? Tout à coup, il aperçut une jeune fille, juste à côté de lui…

« Excusez-moi, Mademoiselle, mais… »

Paykuhan s’aperçut de sa méprise au moment où il terminait de prononcer le mot « mademoiselle ». Non, ce n’était pas une fille. C’était un garçon. Mais un garçon aux splendides cheveux couleur d’argent, entourant un visage fin, beau comme celui d’une jeune fille…

« Tiens, notre invité est réveillé, répondit le jeune homme d’un ton glacial. Kyô ! Viens donc t’en occuper, chat stupide, je dois aller à l’association des élèves, et Tohru est partie faire des courses !

-Excusez-moi, je vous avais pris pour une fille !

-Je suis un garçon, et je m’appelle Yuki Sôma, répliqua l’autre, de sa voix glaciale. »

Il sortit de la pièce, en silence. Soudain, Paykuhan prit conscience d’un « léger » détail. A ce moment précis, un garçon aux cheveux orange, certainement décolorés entra dans la pièce, en traînant des pieds. Le voyageur décida de lui demander les informations qui lui manquaient encore.

« Euh, excusez-moi, mais… Où suis-je ?

-Bah, chez les Sôma ! Il t’a même pas dit ça, cet imbécile de rat ? Mais il est vraiment trop bête, c’est pas possible ! »

C’était bien ce qu’il lui avait semblé. L’autre garçon l’avait dit aussi, juste avant. Il était chez les « Sôma »…

« Les Sôma ? On dirait que j’ai de la chance ! s’exclama Paykuhan, sans prêter attention à la fin de la phrase du curieux garçon qui lui faisait face (traiter les autres avec des noms d’animaux devait être une coutume Japonaise). C’est justement votre famille que je cherchais ! C’est pour le concours !

-Euh… Un concours ? SHIGURE ? TU PARTICIPES ENCORE A UN CONCOURS LOUCHE ? »

Il sembla à Paykuhan entendre une voix d’homme répondre du fin fond de la maison, réponse que le voyageur ne comprit pas, le traducteur ne pouvant pas agir sur des sons aussi faibles. Par contre, le garçon aux cheveux orange semblait avoir comprit, lui, car il sortit de la pièce en courant, sans s’expliquer d’avantage, laissant le pauvre voyageur seul, complètement perdu avec les coutumes inattendues des Japonais envers les étrangers.

Alors que Paykuhan commençait très sérieusement à se demander s’il ne se trouvait pas, par hasard, dans l’un de ses endroits louches et malsains où l’on exploitait des jeunes pour en faire des esclaves obligés de fabriquer des baskets ou des ballons de football pour les Coupes du Monde, et si ce sort atroce n‘allait pas être le sien bientôt (il n’aimait pas le football), il entendit le jeune homme aux cheveux roux revenir. Celui-ci était accompagné (ou, plutôt, vaguement suivi) d’un homme qui se plaignait de s’être de nouveau fait frapper sans raison valable. Quelle ne fut pas la surprise de notre voyageur en apercevant l’homme en question, qui entrait à la suit du jeune homme roux. Il était vêtu d’un kimono traditionnel, dont il ne semblait pas remarquer qu’il était sal. Il venait apparemment de se réveiller. Paykuhan se demanda s’il était le frère des deux autres. Et aussi où était passée la fille. L’homme le fixa un moment, avec un air ahuri qui surprit l’occidental, comme s’il venait de voir un sushi à la fraise.

« Hein ? Mais c’est qui lui ?

-Ben, c’est le type dont j’t’parlais ! répondit le jeune aux cheveux oranges, exaspéré.

-Et il est où, mon cadeau ? J’veux mon cadeauuuuuuuuu ! se mit à geindre l’homme au regard d’ahuri, dont Paykuhan commençait sérieusement à se demander s’il était réellement adulte.

-Hein ? Mais de quel cadeau tu parles, encore ? T’es bourré ?

-Mais… C’est bientôt mon anniversaire, et comme je vais bientôt devenir vieux… Je croyais que tu me réveillais pour me donner mon cadeau, pas pour me présenter le nouveau prétendant de Yuki ! »

Après, tout alla très vite. Paykuhan vit juste l’inconscient s’écrouler au sol, tandis que le garçon aux cheveux argentés (… Yuki ?), qui était sûrement près de la porte de la pièce et avait dû entendre toute cette conversation, regardait d’un air méprisant sa malheureuse victime.

« Qu’est-ce que tu racontes, chien stupide ? »

L’adulte se releva avec peines et, d’un air pitoyable, sortit de la pièce, bientôt suivi par un Yuki (Paykuhan avait au moins retenu son prénom) qui semblait furieux, et prêt à exploser au prochain mot de travers, quel que soit  le coupable.

Ne restaient donc dans la pièce que le garçon aux cheveux orange, et le voyageur.

« Hum, alors… tenta le Japonais. Ah ! Tohru ! Euh, entre… Viens, s’il-te-plaît ! »

Paykuhan se retourna. La jeune fille qu’il avait croisée dans la rue entra dans la pièce, et, après un petit sourire, vint s’asseoir près du futon où il se trouvait installé.

« Je, euh… Bonjour, je m’appelle Tohru Honda. C’est moi qui fais le ménage dans cette maison, et euh… Ah, c’est moi qui vous ai ramené jusqu’ici, grâce à l’aide de Kyô-kun qui par hasard était dans les parages, et… Ah, Kyô-kun ! J’espère que je ne t’ai pas empêché d’aller rendre visite à quelqu’un ! Oh, si ça t’a dérangé… Je suis vraiment trop bête, pardonne-moi, je n’y ai même pas pensé !

-C’est bon, Tohru ! murmura le garçon aux cheveux roux, qui semblait totalement différent en présence de cette fille. Il n’y a aucun problème ! J’allais chez mon Maître, il comprendra très bien ! Et pour ce qui est de lui… Bah, il peut rester à la maison quelques jours, non ? Hatori pourra venir vérifier que tout va bien…

-Pourtant, quand je suis arrivée, je… Shigure et Yuki étaient en train de se disputer, dans la cuisine…

-Bah, c’est rien ! On s’en fout, d’eux !

-Euh, excusez-moi, mais… commença Paykuhan, de plus en plus perdu.

-T’inquiète pas, tu peux rester ici pour l’instant… J’sais pas trop c’que c’est, cette histoire de concours, mais… tu peux rester ici quelques temps, enfin pour l’instant… Pas de problème. Shigure devrait être d’accord. Tu dors dans cette pièce. Ah, et, aussi ! Je m’appelle Kyô. Kyô Sôma.

-Oui ! Les trois garçons sont de la famille Sôma ! continua avec un grand sourire la jeune fille assise à côté de lui. Et le garçon aux cheveux argentés… Ah, mais vous l’avez vu ? Il s’appelle Yuki Sôma.

-Oui, celui qui a une tête de rat ! la coupa Kyô. C’est celui qui est en train de se disputer avec le plus gamin des adultes que je connaisse, si Ayame reste hors compétition bien sûr, Shigure. C’est aussi, hélas, un Sôma.

-Votre… frère ? tenta le voyageur.

-Mon cousin ! répliqua Kyô d’un ton tranchant. Apparemment, et Paykuhan avait déjà pu le constater, il n’appréciait pas vraiment certains aspects de la personnalité de l’homme.

-Et euh… Et vous, comment vous appelez-vous ? demanda la jeune fille.

-Ah, moi je suis A… Hum, excusez-moi, je veux dire… Je m’appelle Paykuhan… enfin… C’est un peu compliqué… Pas vraiment, mais…

-C’est un curieux prénom ! s’exclama Tohru, surprise. Ah, excusez-moi ! Je ne voulais pas vous offenser ! En plus, il me semble que vous me l’aviez déjà dit…

-Ah ? Euh, peut-être…Mais, s’il-vous-plaît, ne vous inquiétez pas ! Ce n’est pas mon vrai nom, je ne suis donc pas vexé. C’est celui que l’on m’a donné pour tout le temps que durera ce concours, et je n’ai pas le droit de dire mon vrai prénom, sous peine d’élimination immédiate. Alors…

-Ouais, mais c’est quoi, ce concours ? le coupa Kyô. »

Paykuhan se redressa de manière à se retrouver assis sur le futon, avant de commencer à leur expliquer rapidement en quoi consistait exactement ce « jeu ». Il dût recommencer ces explications depuis le début à l’arrivée, en plein milieu de son récit, des deux autres Sôma, dont le plus âgé, Shiguré, arborait piteusement un pansement sur la joue gauche.

Paykuhan se promenait tranquillement en ville, son GPS à la main (ce qui lui attirait des regards curieux), quand celui-ci se mit à sonner faiblement. Le voyageur s’arrêta net, observa un instant l’écran, et se mit en route dans la direction indiquée par le point qui venait d’apparaître sur celui-ci. Il savait, depuis son arrivée chez eux, qu’il n’était pas chez les bons Sôma, puisque son GPS ne s’était pas manifesté une seule fois quand il était à l’intérieur même de leur maison. L’absence de précisions dans l’indication de l’adresse sur sa feuille de route (il fallait bien avouer que « Famille Sôma, ville de Tokyo et ses environs, au Japon » étaient de bien maigres informations pour retrouver une habitation précise dans cette immense agglomération !) n’était là que pour lui compliquer la tâche. Aussi fut-il plutôt soulagé quand le petit appareil commença à lui signaler qu’il s’était approché de sa destination.

Quand Tohru rentra des cours, elle trouva un petit mot laissé par Paykuhan. Enfin, « petit mot » n’était pas vraiment l’expression appropriée. En réalité, il s’agissait d’un enregistrement vocal, car le jeune homme, s’il pouvait, grâce à la technologie, parler et comprendre le Japonais comme si ç’avait été sa langue maternelle, ne pouvait en aucun cas le lire ou l’écrire. Elle était passée acheter du lait, après s’être aperçue qu’il en manquerait pour le lendemain, et devait préparer le dîner, aussi n’écouta-t-elle pas le « petit mot » dès son retour, et celui-ci finit par lui sortir complètement de la tête.

Le soir même, quand Shigure, Kyô, Yuki et Tohru se retrouvèrent tous pour le dîner, ils furent surpris de constater que Paykuhan n’était pas réapparu de la journée. Shigure prétendit tout de même l’avoir vu partir le matin, bien avant le départ des autres jeunes pour le lycée, mais ses horaires, totalement aléatoires, permettaient de douter de l’heure à laquelle le voyageur avait réellement quitté la maison. Ils étaient donc en train de s’interroger mutuellement, quand la jeune fille se souvint soudain du petit appareil enregistreur, posé bien en évidence sur la table de la cuisine, et de son message qu’elle n’avait pas encore pris la peine d’écouter…

« Il a laissé un message avant de partir, mais je ne l’ai pas encore écouté ! Oh, et si c’était quelque chose d’important ? Ah, je suis vraiment trop bête ! Excusez-moi ! »

Tous se ruèrent vers la cuisine, et, lorsque Tohru alluma enfin le petit appareil pour écouter l’enregistrement, elle était entourée par tous les garçons Sôma, chacun tentant de cacher son inquiétude pour leur « pensionnaire ».

« Bonjour ! Je suis désolé, je suis parti tôt ce matin pour visiter un peu la ville, et tenter bien sûr de retrouver mes véritables « hôtes »… Je ne compte pas vivre encore longtemps sur votre dos… Il est donc possible que je ne rentre pas avant le milieu de l’après-midi, voire même dans la soirée. »

Tohru éteignit le petit appareil. Chaque jour, Paykuhan laissait à peu près le même message. En fait, le voyageur partait toujours tôt le matin (avant les autres jeunes, en fait), en laissant un enregistrement, et ne revenait qu’en fin d’après-midi. Elle le soupçonnait même de se nourrir uniquement au dîner, car il passait chaque fois la journée dehors et ne semblait pas avoir d’argent. De plus, il avait l’air exténué en permanence. Il ne faisait pas du tout attention à sa santé, à la grande inquiétude de la jeune demoiselle Honda.

« Oh ! C’est rien du tout, il est juste parti en vadrouille ! déclara finalement Shigure avant de se mettre à table. Si ça se trouve, il a déjà trouvé ses vrais « hôtes », et s’est déjà installé chez eux, y’a pas à s’inquiéter ! »

Les trois adolescents hésitèrent un instant, mais quand le chien les appela, ils se décidèrent à l’imiter, et à aller dîner eux aussi, en se disant qu’après tout, ils pourraient attendre Paykuhan jusqu’au lendemain, après quoi ils partiraient à sa recherche. De toutes façons, comme le souligna avec un sourire Shigure, le jeune français était libre d’aller où il le souhaitait, et de faire ce qu’il voulait.

Au même moment, loin de cette petite maison tranquille, une porte s’ouvrit, et, dans le rai de lumière qui s’infiltrait par cette ouverture dans la pièce sombre, une frêle silhouette apparut, avant de s’avancer de quelques pas, dans les ténèbres.

« Alors ? Ils ne viendront pas, ils ne savent pas que tu es là… N’espère pas, c’est inutile. Tu te feras du mal pour rien, et tu le sais. »

Le voyageur regarda la silhouette un instant, et lui lança un regard haineux, que l’autre ne vit pas, du fait de l’obscurité. C’était pourtant le seul geste que le jeune français pouvait encore faire pour manifester dignement sa rage de s’être fait avoir dès son arrivée dans ce lieu, sans ses mains et ses pieds, qui se trouvaient attachés.

Le lendemain matin, quand Kyô s’éveilla, il se précipita en bas de l’escalier pour vérifier que leur jeune protégé français était bien revenu pendant la nuit. Ce fut malheureusement pour retrouver son futon inoccupé. Il jura. Ce « gosse » (certes, il n’avait qu’un an de moins que le chat, mais Momiji n’était-il pas aussi dans le même cas ?) causait bien des problèmes. En fait, le chat trouvait ce jeune français plutôt sympathique, mais il soupçonnait Shigure de ne l’avoir hébergé que dans le but de récupérer de l’argent pour s’en être occupé, plus tard. Il l’ignorait, mais Yuki avait fini par penser la même chose. Le chien en était, hélas, bien capable… Et le chat en était parfaitement conscient. Il se promit aussitôt de faire davantage attention à Paykuhan, et de le prévenir aussitôt que possible car il était, apparemment, tout à fait capable de rembourser bien plus que le peu qu’il leur avait fait dépenser en restant quelques jours chez eux.

« Tohru ? Dis-moi, y’a juste un truc que je n’ai pas compris ? Que faisait-il ici, en fait ? demanda Shigure au petit déjeuner, sans même avoir besoin de préciser qui était ce « il ». Tu as l’air de lui avoir beaucoup parlé, donc... Ah, j’y suis ! C’est ton petit ami ? ajouta-t-il avec un grand sourire.

-Euh, je crois qu’il venait pour un concours avec une société qui organise des voyages, enfin quelque chose comme ça, je crois que c’est ce qu’il m’a expliqué, parce que… Hein ? Quoi ? Mais non, je… Enfin, Shigure, ce n’est pas… C’est vrai qu’il est plutôt mignon, vraiment gentil, pas égoïste du tout, mais… Je…

-Donc j’avais raison ? s’étonna le chien.

-Non ! répliqua Tohru, d’un ton convaincu. C’est juste que…

-Shigure, tu l’embêtes ! gronda Kyô. Arrête-toi immédiatement, si tu ne veux pas que j’te frappe…

-Mais je la taquine juste un peu, et gentiment en plus, c’est tout ! répondit le chien avant de s’éloigner dans un coin, après s’être pris le poing du chat sur la tête.

-Continue, Tohru, l’encouragea Kyô, en espérant sincèrement qu’elle n’était pas tombée sous le charme de ce jeune français qui, au final, n’était peut-être plus aussi sympathique, depuis quelques minutes.

-Euh, oui ! Merci, Kyô ! Donc, euh…Ah, oui ! Pay-kun m’a expliqué que…

-Attends… Pay-kun ? s’étonna Yuki.

-Euh… Oui, c’est le surnom que je lui ai donné !

-Mais, euh, Tohru… D’après ce que j’ai compris « Paykuhan » était déjà un surnom, non ? Ou alors je n’ai pas très bien compris son histoire…

-Euh oui, tu as raison, Yuki, mais…

-Laisse-la finir son histoire, rat stupide ! cria Kyô, passablement énervé.

-Jaloux ? suggéra Yuki avec un petit sourire narquois. »

Le chat allait riposter violemment, mais il fut coupé par Shigure qui, pour une fois, préférait éviter la dispute qui se préparait (ou peut-être craignait-il pour sa maison ?), et demanda à entendre la fin de l’histoire.

« Dîtes donc, les garçons, si vous ne voulez pas entendre ce que Tohru a à nous raconter, sortez, voyons, et laissez-nous seuls, en tête-à-tête ! »

Devant le silence plein de haine des deux adolescents, l’immense sourire de leur cousin s’agrandit encore d’avantage.

« Bon, Tohru, continue !

-Euh, oui, Shigure-san… donc, euh… Pay-kun… Pardon, Paykuhan ! Il m’a expliqué que ce concours consistait en fait en un voyage autour du monde, avec un certain nombre de « villes-étapes ». Dans chacune d’elles se trouve un « hôte » qui doit valider leur passage et leur fournir de quoi aller jusqu’à la suivante, comme dans un jeu de piste. Le premier des concurrents qui revient dans la ville de départ, en étant passé par toutes les « villes-étapes » bien sûr, gagne un bon individuel de gratuité des transports, et ce bon est valable à vie…

-QUOI ? hurlèrent à l’unisson les trois garçons.

-Enfin, il a précisé, plutôt, que ce bon était valable à vie, mais seulement avec la société organisatrice du concours, bien sûr… Enfin, euh… quelque chose comme ça, je crois… Mais y’a beaucoup de participants, aussi ! Et la règle interdisant de dire son nom et son prénom est une règle censée protéger les concurrents de je-ne-sais-quoi… Apparemment, c’est important. Pay-kun m’a dit qu’il ne comprenait pas trop non plus, mais qu’il avait quand même décidé de suivre les règles du jeu, pour quand même pouvoir avoir une chance de voyager gratuitement pendant tout le reste de sa vie… »

Il y eut un long silence, durant lequel les trois Sôma digérèrent l’information. Enfin, comme ses deux cousins s’y attendaient, Shigure s’exclama :

« Donc, si on l’aide, on peut très certainement en profiter pour gagner plein d’argent, non ? C’est un bon plan, vous ne trouvez pas ? »

S’ensuivit encore une fois un long silence, et, si quelqu’un s’était trouvé par hasard dans le couloir à ce moment précis, il aurait entendu tout d’abord le triple hurlement de protestation, suivi du double-BAAAAM des deux coups de poing donnés respectivement par Kyô et Yuki au chien, puis aurait finalement vu ce dernier sortir de la cuisine tête baissée, un hématome sur chaque joue.

Depuis quand était-il enfermé ici, déjà ? On le nourrissait à peine, et il en venait à se demander s’il n’était pas revenu à une lointaine époque où les hommes, ces cruels barbares, oubliaient leurs prisonniers dans d’immondes geôles… Sa seule compagnie restait cette personne, qui semblait prendre un plaisir malsain à le voir s’affaiblir de plus en plus, jour après jour. Enfin, pouvait-on réellement parler de compagnie ? Pour lui, mieux valait la solitude à cette torture. Ce que cette personne lui susurrait chaque fois qu’elle venait, Paykuhan commençait à y croire. Personne ne savait qu’il était là, et, même si quelqu’un l’avait su, il n’aurait rien fait. Parce qu’il n’était pas « utile au monde », sa vie n’importait à personne… Personne ne l’attendait…

Le voyageur en était là de ses réflexions, quand la porte s’ouvrit doucement. Cette personne qu’il ne supportait plus entra, son éternel sourire sadique aux lèvres.

« Alors, mon très cher ami… Es-tu enfin disposé à me dire, et ce dès maintenant, pourquoi tu es d’abord allé chez mes cousins adorés plutôt que chez moi ? Je suis patient, mais vois-tu, ce comportement…

-Je n’ai rien fait de mal !

-Tu sais, tu es bien stupide de croire que je pourrais t’en vouloir. De plus, tu t’opposes maintenant à moi ! Mais tu sais, je n’apprécierais pas que tu essaies de blesser par ton comportement odieux mes chers protégés. Surtout mon petit Shigure. Vois-tu, je n’ai pas du tout apprécié ton attitude orgueilleuse…

-Mais je n’ai…

-TAIS-TOI ! Tu m’agaces, tais-toi ! N’oublie pas que je suis le chef tout puissant de cette riche famille que tu as offusquée en t’installant, stupide sans-gêne que tu es, dans cette maison ! Tu n’es qu’un trouble-fête idiot, un jeune crétin d’européen, plein d’orgueil, et tu oses déranger le calme de notre famille et bouleverser nos traditions en t’imposant ainsi chez des gens qui ne voulaient pas de toi dès le départ, mais n’osaient pas te le dire, grâce à leur bonne éducation ? Pour qui te prends-tu ?

-Arrêtez, Akito, s’il vous plait…

-Tu oses me donner des ordres ? Tu sais pourtant, monstre infâme, que tu es le fautif ? Oui, tu es le seul coupable de ce qui t’arrive. Tu n’aurais jamais dû venir dans cette maison ! »

Paykuhan se recroquevilla sur lui-même, vaincu. Chaque fois, il préparait sa riposte, « quelque chose » à rétorquer à Akito, mais, chaque fois, le barrage qu’il construisait pour protéger de qu’il était finissait par céder sous les remarques méprisantes du cruel chef de la famille Sôma, sans même que cette provisoire défense n’ait pu servir vraiment à quoi que ce soit. Parce que ce qu’il entendait n’était que l’écho de ce qu’il avait toujours pensé.

« Kyô ? Quelqu’un sonne à la porte ! Tu peux te rendre utile pour une fois en allant ouvrir, s’il te plait ? cria Shigure, de la table où il était confortablement installé, attendant impatiemment les nombreux plats préparés pour le dîner par Tohru, la cuisinière familiale.

-Et, pourquoi moi ? Pourquoi pas Yuki ? Il fout rien, ce con de rat !

-C’est toi qui dois aller ouvrir, Kyô ! répliqua Yuki, en allant chercher un plat pour le poser sur la table.

-Attendez, je vais y aller ! s’exclama Tohru, en sortant de la cuisine en courant. »

Kyô la rattrapa en quelques pas, lui posa doucement la main sur l’épaule pour la retenir, puis murmura, las :

« C’est bon, je vais ouvrir… Vous n’avez plus beaucoup de plats à poser sur la table, de toutes façons… Même un rat imbécile comme ce sal Yuki devrait pouvoir le faire à peu près correctement ! »

Tohru lui répondit par un immense sourire, renonçant à l’empêcher d’insulter son cousin, avant de retourner dans la cuisine, tandis que le chat, vaincu, se traînait pitoyablement jusqu’à la porte d’entrée, où l’on commençait à s’impatienter très sérieusement.

« C’est bon ! J’arrive ! grogna Kyô, en ouvrant la porte. »

A peine eut-il fini son geste qu’un poing lui atterrit dans la figure, après lequel l’Autre se jeta sur lui. Kyô hurla de surprise, et tomba au sol, malmené par son mystérieux agresseur. En entendant le cri, Tohru lâcha le plat qu’elle tenait dans les mains à ce moment-là, au grand désespoir de Shigure, qui décida tout de même de la suivre, fortement intéressé par sa réaction. Ce petit geste en disait long sur ses sentiments.

Pendant ce temps-là, Paykuhan préparait sa riposte, attendant anxieusement que la porte s’ouvre de nouveau…

« Kagura ! Lâche-le, enfin ! »

Le sanglier s’arrêta net. Elle se tourna vers le chien, et lui demanda, d’une voix remplie d’une innocence qui n’était, de toute évidence, pas feinte :

« Mais je lui disais juste bonjour ! Shigure, tu es méchant ! Tu oses t’opposer à l’amour que Kyô et moi nous portons ?

-Non, non ! répondit précipitamment le chien, sans pour autant se défaire de son sourire. Mais si vous voulez flirter, faîtes-le en dehors de la maison ! »

Soudain, le chat se rappela d’un « détail ». Il se tourna vers Shigure et Yuki, et demanda, d’une voix vibrante de colère :

« Vous saviez que c’était Kagura, n’est-ce pas ?

-Mais bien sûr mon Kyô d’amour ! Shigure m’a très gentiment invitée à venir passer quelques jours ici ! Et Yuki était bien sûr au courant ! Je voulais te faire la surprise, comme le conseillait Shigure, tu es content ? Hein, dis, tu es content, n’est-ce pas ?

-Euh… Oui, oui ! assura le chat en apercevant comme des flammes dans les grands yeux de sa cousine. Mais… Pourquoi tu viens maintenant ? s’étonna le garçon aux cheveux roux d’une voix étranglée (ce qui pouvait s’expliquer par le fait que Kagura le serrait de nouveau dans ses bras, ravie de lui avoir fait plaisir).

-En fait… C’est à cause des cris ! avoua le sanglier, dans un murmure. Je ne sais pas qui hurlait, mais quand je suis passée près de la pièce où Yuki a été enfermé, j’ai entendu quelqu’un supplier Akito de se taire. Quelqu’un qui était au bord des larmes… Je n’avais pas le droit d’entrer… Je n’ai pas osé essayer d’en apprendre plus, Akito me fait peur, et de toutes façons, je…

-Quelqu’un criait ? s’étonna Tohru.

-Oh non… murmura Yuki.

-Quoi ? demandèrent Kyô, Shigure et Kagura à l’unisson.

-Paykuhan n’est pas revenu, or il disait chercher les Sôma, expliqua Yuki.

-Oh non… soupira Shigure. S’il est allé là-bas, et que c’est bien lui qui crie, évidemment, on va être obligés de tirer un trait sur tout cet argent qu’on aurait pu lui réclamer ! »

Après que le chien se fut pris quatre claques, les Sôma s’entreregardèrent, tous surpris de la réaction plus qu’inattendue de Tohru, mais pas autant que ne l’était la principale intéressée… Elle avait osé frapper le malheureux Shigure… La jeune fille regardait maintenant sa main avec horreur, cette main meurtrière, qui l’avait rendue coupable de cet ignoble crime ! Elle ne put en supporter d’avantage et tourna de l’œil.

Une fois Tohru réanimée, les Sôma se regardèrent. Ils avaient, c’était évident, tout intérêt à la laisser sur place, pour qu’elle se repose, pendant qu’ils iraient chercher Paykuhan… Trop d’émotions… Kagura, qui ne voulait pas voir Akito torturant quelqu’un, se proposa pour rester avec elle, mais la jeune orpheline se releva très rapidement (ce qui est très rare après un évanouissement, comme peut vous l’assurer l’auteur…), puis, une fois sur ses deux jambes, s’exclama, en montrant la direction (supposée, malheureusement Tohru n’avait pas un bon sens de l’orientation, le manoir se trouvant à l’opposé) de la demeure Sôma :

« Allons-y ! Pay-kun nous y attend très certainement ! Il faut que nous nous dépêchions ! »

Trois des Sôma la regardèrent d’un air surpris, tandis que Kyô préférait détourner la tête, tentant vainement de se convaincre que ce n’était PAS de la jalousie, ce sentiment affreux qu’il ressentait désormais contre Paykuhan, et qu’il avait toujours senti et essayé de transformer en haine envers le rat, son cousin Yuki.

Paykuhan se sentait fin prêt. De toutes façons, il n’avait pas le choix… IL arrivait déjà. Le jeune voyageur le ressentait dans tout son être, son corps tremblait. A la longue, son âme « entendait » son approche… L’adolescent s’assit juste devant l’entrée, en silence. Il devait absolument dire dès maintenant ce qu’il pensait réellement à Akito ! Sinon, il n’était pas sûr de même avoir la volonté nécessaire pour continuer à tenter de protéger les points les plus sensibles de son esprit encore longtemps. La folie le guettait, tapie dans l’ombre, dans cette pièce sombre aux murs peints en noir.

A ce moment-là, la porte s’ouvrit, laissant apparaître, dans le rai de lumière, la silhouette du cruel chef de la famille Sôma. Mais Paykuhan était déterminé… Il réussirait à faire céder cette personne, et à se sauver, il fallait qu’il réussisse, et le plus rapidement possible ! Mais soudain, ses arguments et répliques infaillibles ne le semblaient plus autant… Il frappa sa tête contre ses poings pour faire disparaître ce découragement, à la grande surprise d’Akito, qui n’avait encore rien dit, cherchant déjà à déceler la délicieuse peur dans l’attitude de son jeune prisonnier. Pourquoi donc se violentait-il lui-même ? Etait-il déjà fou ?

Tohru courait en tête, suivie de près par Kyô, Yuki et Kagura (qui, en fait, suivait surtout son chat adoré), puis, loin derrière, Shigure, qui marchait d’un pas tranquille, sans pour autant se laisser distancer par le groupe conduit par la jeune demoiselle Honda. En effet, la jeune fille ne courait pas particulièrement vite, mais elle avait assuré connaître un passage par lequel ils pourraient entrer dans la propriété Sôma sans être vus. Donc tous la suivaient, avec plus ou moins d’intérêt.

La silhouette s’approcha de Paykuhan. Le jeune homme sentit le lourd tissu de la manche d’un kimono sur son épaule avant de se rendre compte qu’Akito avait saisi délicatement son cou de ses fines mains, et commençait à enfoncer ses longs ongles dans la chair du jeune français.

« Que t’arrive-t-il ? Tu as peur, n’est-ce pas ? Oui, tu es mort de peur ! Alors, montre-le ! Montre-moi ta peur ! JE VEUX VOIR TA PEUR ! JE VEUX VOIR TES YEUX REMPLIS DE TERREUR ! »

Aussitôt qu’Akito commença à crier, Paykuhan vit ce qu’il n’avait même pas encore entraperçu durant ces nombreux jours de captivité. Le tout puissant chef de la si riche famille Sôma avait peur de lui… Ou, plutôt, non ! Peur des humains… Il craignait les autres. Oui, il semblait avoir peur qu’on lui tienne tête, qu’on conteste son autorité supérieure. Et, Paykuhan se souvenait maintenant de tout ce qu’Akito lui avait dit, certainement craignait-il aussi qu’on lui vole des personnes chères à son cœur. Shigure, Kyô, Yuki… Ils étaient des Sôma. Mais tous semblaient avoir un lien différent avec leur chef de famille, un lien direct, un lien qu’il avait peut-être approché et blessé sans le savoir… Un lien dont le jeune voyageur devinait confusément qu’il devait être gardé secret pour le bien de cette famille entière.

« C’est là ! murmura Tohru en montrant l’énorme trou dans le mur de la propriété, par lequel elle était déjà entrée dans la demeure des Sôma.

-Et bien, Tohru ! s’exclama Shigure d’un ton admiratif. J’ignorais que tu nous cachais ainsi d’incroyables dons de cambrioleuse te permettant de trouver de telles failles dans la sécurité des maisons de tes victimes !

-Hein ? s’étonna Tohru, confuse.

-Laisse ce chien stupide dire ce qu’il veut… Et puis… Tu ne l’as pas trouvé toute seule, n’est-ce pas ? la questionna Kyô. »

Torhu hésita un instant. Devait-elle parler aux autres de Momo, la mignonne petite sœur de Momiji, qui l’avait aidée à entrer en cachette dans le manoir Sôma ? Elle risquait ensuite d’être obligée d’avouer que la petite fille semblait faire cela assez souvent, dans le but de voir son grand frère caché. Et ainsi d’en arriver, de fil en aiguille, à donner la raison de sa précédente venue en ces lieux… Elle décida donc finalement de taire tout cela.

« Bien sûr que c’est moi qui l’ai trouvé toute seule, Kyô !

-Hum, je vois ! murmura le chat, en se décalant légèrement, afin de laisser passer les autres. »

Tohru soupira de soulagement, avant de se diriger, à son tour, vers le passage. Kyô l’arrêta d’un geste.

« Tu mens très mal, tu le sais, ça ? Mais tant pis, si tu ne me juges pas digne de confiance, ou si ça te pose problème… »

La jeune fille se retint à grande peine de laisser couler une larme en s’engouffrant à son tour dans le trou du mur. Elle ne voulait surtout pas que Kyô ait l’impression qu’elle pouvait penser quoi que ce soit de mal le concernant ! Parce que c’était parfaitement faux… Mais que faire d’autre dans ce cas ?

« POURQUOI NE ME DIS-TU RIEN, AUJOURD’HUI ? »

Pakuhan décida que cette question n’attendait pas de réponse. Il risquait aussi de blesser Akito, en répondant franchement.

« Ah, ça y est ! J’ai compris ! Tu te moques de moi, c’est ça ? Imbécile d’occidental, crois-tu donc réellement que tout t’es permis ? Sais-tu que quasiment tout le monde ignore ta présence ici ? Et les quelques personnes à savoir que tu es enfermé sont celles qui m’ont aidé à te récupérer, quand tu es venu… Crois–tu réellement que quelqu’un puisse souhaiter que tu sortes d’ici ? TU NE MANQUES A PERSONNE, TOI ! Comprends-tu ? PERSONNE ! Personne ne veut de toi ! Et eux… Tous ! Ils t’ont tous abandonné ! Sans la moindre hésitation ! Tu finiras seul !

-Comme vous… murmura Paykuhan, calmement.

-Je ne suis pas seul ! Non, moi, je… je suis entouré de personnes qui m’admirent, qui m’aiment ! Je suis né pour être aimé de tous ! Tout le monde doit m’aimer ! Donc, moi… Je ne suis pas seul !

-Et pourtant…

-Tu dis ça parce que… parce que tu souhaiterais inverser les rôles ! Ca t’amuse, hein, de te croire supérieur à moi ? Mais tu n’es rien ! Vraiment rien du tout ! Je vaux tellement plus que toi ! Tu m’entends ? Tu n’es rien ! »

Paykuhan ne répondit rien, cette fois non plus. Oui, il avait raison… Akito avait peur ! Le jeune voyageur tenait enfin sa vengeance ! Il pouvait maintenant pousser son adversaire à élever à son tour une barrière, se venger ! Mais, pourtant…

« Ca te fait rire, hein ? Tu te moques encore de moi, je le sais ! Mais tu n’es qu’un misérable ! Un imbécile qui pense pouvoir me surpasser ! NON ! JE LE SAIS ! Tu n’es rien ! Tu m’entends ? Tu n’es rien ! Rien du tout ! Tu aurais dû rester chez toi, ne jamais venir ici ! Oui, rester chez toi et laisser ce monde tranquille ! »

Paykuhan continuait à écouter, en silence. Il aurait parfaitement pu répliquer, il savait d’ailleurs que ce qu’il avait préparé déstabiliserait Akito à coup sûr, mais, pourtant… Malgré le fait qu’il puisse désormais contre-attaquer, le voyageur n’en ferait rien, il le savait. Tout simplement parce qu’il était maintenant triste pour Akito. Triste pour cet homme qui faisait semblant de tout contrôler, et croyait d’ailleurs tout décider, mais ne maîtrisait même plus sa propre vie, et se faisait emporter par les évènements, sans rien pouvoir dire.

« Je sais… si tu as commencé ce voyage, c’était pour te moquer des peuples dont tu traverserais les pays ! Tu n’es qu’un égoïste, un sale petit prétentieux d’européen, un jeune imbécile bien trop gâté par ses parents ! Tu me dégoûtes ! »

Tandis que le malheureux Akito lui criait toutes ces choses, Paykuhan commençait à comprendre que ce que le jeune chef de la famille Sôma lui hurlait avec rancune, c’était en fait des reproches qu’il se faisait à lui-même, en tentant de les transformer pour les adapter au mieux à ce jeune voyageur qu’il souhaitait tant torturer psychologiquement. Ce n’était que des paroles douloureuses, visant certainement à rassurer le malheureux, en lui montrant qu’il pouvait faire souffrir de ces mots quelqu’un d’autre que lui-même. Mais peut-être se blessait-il aussi, en criant ainsi ? Peut-être que chacune des flèches que ses mots devaient être transperçait aussi son cœur ?

« Tu avais au moins une personne que tu trouvais précieuse, là-bas, chez toi ! Tes parents, un frère ou une sœur, voire même plusieurs… Peut-être une petite amie ou une jeune fille aimée en secret ? Es-tu conscient que ta stupidité risque de les priver de toi ? Si eux t’aimaient, bien sûr… »

Paykuhan sut aussitôt que sa gentillesse risquait de lui coûter beaucoup. Il aurait dû répliquer plus tôt ! Maintenant, Akito tenait un point sensible : ces personnes qu’il avait laissées derrière lui en commençant son voyage.

D’ailleurs, le chef de la famille Sôma semblait s’en être rendu compte. Il souriait maintenant, sereinement.

« Oh… Mais je suis sûr que l’égoïste que tu es n’avait même pas pu imaginer leur douleur de te voir disparaître ainsi loin d’eux, pour partir dans ce long voyage autour du monde, dont on ignorait même si tu reviendrais ! Tu as sûrement enfin pu réaliser ton rêve en écrasant des gens sous une supériorité qui n’existe que dans ta tête, en voyageant, mais as-tu seulement pensé un instant aux autres, à tes proches ? Oh non, je suis sûr que non ! Ils ont sûrement tenté de t’en empêcher, au début… Oh, mais serais-tu parti de chez toi sans même daigner les prévenir ? Oui, c’est sûr maintenant… Tu n’es vraiment qu’un égoïste, un enfant imbécile, sans-cœur, inhumain ! Tes malheureux parents doivent te haïr, monstre ignoble ! Te haïr, et essayer de faire ton bonheur tout de même ! Pauvres gens… Ils sont bien braves de s’occuper de toi, bien courageux, et certainement bien malheureux… »

Paykuhan se recroquevilla sur lui-même. Non, il ne voulait pas en entendre plus ! Mais s’il se mettait à supplier le silence, il aurait perdu, définitivement…

« Oui… Tu as raison. Il faut que tu aies honte de toi, toi qui n’es qu’un enfant odieux, toi qui ne mérites même pas de vivre… »

Paykuhan entendit le froissement d’un kimono. Akito venait de s’asseoir juste à côté de lui, et avait posé une main sur son épaule, lui enfonçant de nouveau ses ongles dans la peau.

« Mais tu sais… Tu as fais la connaissance de mes très chers petits pantins, Shigure, Yuki, et, surtout, ce monstre ignoble qu’est Kyô ? Tous, tu dois le savoir, m’obéissent au doigt et à l’œil. Ce sont de bons enfants, mais j’ai dû les dresser longuement, pour obtenir un tel résultat. Tu deviendras toi aussi ma chose, si tu te laisses faire, ne t’inquiète pas… Et, de toute façon, qui veut encore de toi dans ce monde ? Mais, rassure-toi ! Personne ne s’inquiétera de ta disparition. Je suis sûr que ces personnes qui sont à tes yeux si précieuses se moquent en réalité de ton sort. En effet, qui pourrait vouloir de l’amour de quelqu’un comme toi ? Tu es réellement haïssable. Tellement repoussant ! Un monstre ignoble qui tente de se faire passer pour un ange, une créature diabolique qui n’hésite pas à…

-Lâchez-le ! Akito, par pitié, lâchez-le ! hurla Tohru, en entrant dans la pièce en courant.

-Qui es-tu donc pour me donner de tels ordres ? répliqua le chef de famille, en masquant de son mieux sa surprise à cette intervention inattendue.

-Akito, lâchez-le, s’il vous plait. Il se trouve que Paykuhan est déjà  mon invité ! expliqua calmement  Shigure, en entrant à son tour. Nous sommes venus le récupérer, alors si vous pouviez le laisser partir sans faire d’histoires…

-Quoi ? Toi ! Tu oses m’ordonner de lâcher cet imbécile ? »

Akito allait ajouter autre chose, quand Kagura, suivie de Kyô et de Yuki, entra en coup de vent dans la pièce, et, apercevant son chef de famille et le jeune voyageur, s’écria :

« Monsieur Akito ! Que faîtes-vous ? Il est tout maigre ! Depuis combien de temps n’a-t-il pas mangé ? »

En effet, ce à quoi les autres n’avaient pas encore fait attention jusqu’à présent, c’était la maigreur anormale du jeune européen.

« Mon dieu… Akito, quand a-t-il mangé pour a dernière fois ? s’exclama Tohru, en se précipitant vers Paykuhan.

-Putain, mais quel salaud ! hurla Kyô, en se tournant vers le chef de famille avec un air menaçant. »

Et, à la surprise générale, le chat ne se contenta pas d’insulter ou de menacer Akito à distance, il alla même jusqu’à lui donner un énorme coup de poing, qui fit tomber son Dieu au sol. La réaction parut aux autres jeunes inhabituelle, anormale, surtout quand on connaissait la crainte que l’adolescent entretenait envers le chef de la famille Sôma. Mais, seul, Shigure ne parut pas surpris le moins du monde. La jalousie. Il connaissait particulièrement bien ce sentiment affreux.

« Akito… Ce que tu as fait… C’est absolument ignoble… Tu as torturé quelqu’un d’extérieur à la famille Sôma… Paykuhan… pour la simple raison que nous l’hébergions ? murmura Yuki, sonné, sans même attendre de réponse à cette question. »

Shigure regarda tour à tour les deux garçons Sôma ainsi que les deux jeunes filles, qu’une rage sourde semblait habiter désormais. Il s’avança d’un pas, aida Paykuhan à se relever, puis interpella les autres :

« Maintenant, c’est moi qui m’occupe de tout ça ! Vous tous, vous allez conduire notre invité jusque chez Hatori ! »

Alors que les autres adolescents s’éloignaient, Tohru resta un peu en arrière. Elle voulait savoir, vérifier enfin que ce qu’elle soupçonnait depuis déjà quelques temps était bien vrai. Curieuse ? Oui, mais…

Comme il croyait les jeunes partis, Shigure s’agenouilla auprès de son chef de famille, qu’il prit délicatement dans ses bras et embrassa longuement. Tohru sourit, et s’éloigna discrètement. Oui, elle avait bien raison.

Quelques jours plus tard, Paykuhan fut autorisé à sortir de l’hôpital où Hatori l’avait envoyé de toute urgence. Il allait maintenant pouvoir reprendre sa route, et son voyage, en espérant, évidemment, gagner le concours, même si cela lui semblait désormais poser un sérieux problème.

Shigure, honteux de ce qui lui était arrivé, lui avait assuré ne pas lui demander de remboursement pour l’avoir hébergé durant ces quelques jours, tandis que les trois autres adolescents de la maison, ainsi que Kagura, avaient offert à Paykuhan de la nourriture et avaient obligé le véritable « hôte » du voyageur, qui se trouvait bien être Akito, à valider le passage du jeune européen, et à lui donner de l’argent (ce que, curieusement, le chef de famille avait fait sans protester, allant même jusqu’à donner bien plus que la somme qui était prévue par les organisateurs) pour la suite du voyage.

Arrivait désormais l’heure tant redoutée du départ. Paykuhan avait récupéré la vieille sacoche qui l’accompagnait depuis le début du voyage, et était maintenant fin prêt. Mais il devait encore remercier tous ces gens qui l’avaient tant aidé dans cette « ville-étape », sensée être le point le plus difficile du voyage. Les cinq adolescents s’étaient donc retrouvés à la sortie de Tokyo, près d’une grande route que leur ami européen pourrait suivre. Les jeunes Japonais avaient décidé d’accompagner un peu ce voyageur d’Europe. Ils marchaient tous, droit devant eux, têtes baissées, en silence. Soudain, Kagura trébucha sur le bord du trottoir, inquiète du silence pesant qui risquait d’accompagner ses « au revoir » qui prenaient des allures d’adieux. Aussitôt Paykuhan la rattrapa, la serrant malencontreusement contre lui. Certes, il aurait dû faire davantage attention, mais la réaction de la jeune fille lui parut malgré tout parfaitement disproportionnée. Aussitôt qu’elle se rendit compte de ce qui venait de se passer, Kagura s’éloigna d’un bond du jeune homme, le faisant tomber au passage. Elle le regarda un instant, avec des yeux ronds, comme les autres adolescents, qui s’étaient arrêtés net. La jeune Sôma, que Paykuhan commençait à croire folle, se jeta sur lui, le releva d’un geste brusque et l’envoya contre Kyô, qui retint un cri de surprise.

Le voyageur, sonné, regarda d’un air étonné les quatre adolescents qui le fixaient maintenant d’un air douteux. Jusqu’à présent, ils avaient pourtant eu l’air de gens normaux (si tant est qu’il existe des gens « normaux »), et non d’échappés d’asile…

Kyô hésita un moment, et il sembla à Paykuhan qu’il jetait un regard rapide à Tohru, dont les joues avaient changé de couleur. Puis, finalement, la jeune fille s’approcha timidement du Sôma, sous le regard rassuré de Kagura, qui semblait malgré tout légèrement jalouse de la demoiselle. Kyô fixa Tohru une seconde, puis, enfin, il la serra dans ses bras, et, vite, la lâcha, comme s’il craignait un quelconque sort que Paykuhan ne comprenait pas. Encore une fois, il avait le sentiment que cette surprenante famille cachait un secret d’une importance capitale, que la jeune demoiselle Honda semblait elle aussi connaître, et qu’il ne devait surtout pas poser de questions à ce sujet.

Puis ce fut le moment des adieux. Paykuhan salua les autres avant de s’éloigner, sans même oser se retourner. Il savait que s’il le faisait, il reviendrait en courant, pour donner ses coordonnées, pour rester encore quelques temps… Il savait aussi que les Sôma ne refuseraient plus jamais de le voir chez eux. Il avait confusément l’impression d’avoir aidé ces gens, sans même savoir en quoi.

Plus tard eut lieu la remise des prix du concours. Notre voyageur était arrivé quatorzième, sur une cinquantaine de concurrents arrivés dans les temps. Heureusement pour lui, les juges avaient entendu à chaque instant l’ignoble traitement qu’il subissait de la part d’Akito, un micro étant caché dans chacun des appareils que les concurrents avaient reçu (la puce implantée dans leur corps entre autres), il fut donc décidé de donner deux premiers prix (cette possibilité semblait d’ailleurs avoir été envisagée dès le départ), les organisateurs estimant que Paykuhan aurait parfaitement pu arriver en tête sans cet épisode malheureux.

C’est donc premier de ce concours, pour lequel il s’était trouvé être le plus jeune participant, que Paykuhan rentra chez lui, prix en main. Là-bas, ses parents l’accueillirent bien mieux que ce qu’il craignait, son petit frère ayant œuvré afin d’éviter l’infanticide qui se préparait, ce qui était bien la dernière chose à laquelle le voyageur s’était attendu.

Au Japon, Akito regardait les étoiles, blottie contre Shigure, et priait en silence pour ce jeune voyageur qui avait réussi à lui rendre son amour sans même le savoir.

Ynaf : Bon, woilà, c’est fini ! Je suis désolée, je sais que c’est pas terrible, mais j’espère que ça allait quand même ! Parce que, perso, je me suis bien amusée à l’écrire ^^‘ ! Alors… La relecture a été assurée par Nanouk (qui a lu le manga), Pay bien évidemment (qui, en tant que star, ne pouvait pas laisser passer de petits défauts dans l’écriture (voire même d’énormes bêtises…), ç’aurait été mauvais pour son image de marque), et euh… On va dire par moi, aussi (si si ! J’vous jure ! J’ai trouvé des erreurs, j’ai retravaillé certaines phrases qui étaient super mal écrites… Normal, étant l’auteure -__-‘) ! Mais en fait, c’était surtout mon clavier qui écrivait, tout seul… =/

Nanouk : Sinon, cette fic n’est pas yaoi ! Pour ceux (et surtout celles) qui ne le savent pas, désolée de casser vos espoirs, mesdemoiselles, mais Akito est et reste une fille ! ^^ Et finalement, ça va bien avec le manga…

Ynaf : Oui, et de toute façon, je n’écris pas de yaoi. Question de principe. Ah, et autre chose ! Ce que dit l’autre sadique…

Akito : C’est de moi qu’elle parle, l’autre imbécile ?

Nanouk : Je crois bien…

Akito : Mais j’ai changé !

Ynaf : DONC, je disais… *regard noir à Akito* Ce que dit l’autre sadique… *re-regard noir* Y’a qu’elle qui le pense, bien sûr ^^ Sinon, Pay serait pas la star de cette fic ! Et… Ah ! On applaudit bien fort Nanouk et Pay, pour leurs (trèèès nombreuses) relectures !

*applaudissements plus ou moins motivés*

Ynaf : … Bon, tant pis… Tout a été dit, donc : rideau !

*Le rideau tombe enfin*

14 juillet 2007

Lilas

ange_crayonn_Donc, voici une nouvelle fic... Je devais la poster hier, mais bon, ma connection Internet a un peu déliré ^^"

Ce PC est naze, le logiciel avec lequel j'ai dû ouvrir cette fic me plaît pas, 'fin bref, espérons que ma jolie présentation soit pas trop tuée... T__T' (en fait, si, j'ai dû tout refaire tout bien >__<")

Donc voilà une petite fic, sortie d'on ne sait où. La fin est peut-être bizarre, ou mal annoncée, par contre =/ Qu'en pensez-vous ? (si quelqu'un lit ? =P)

Bonne lecture malgré tout (en espérant que les problèmes de la fic me seront signalés, je poste ici pour qu'on me fasse remarquer mes erreurs avant tout... T__T') !

Lilas

« Bonjour, je m’appelle Lilas.
-Oui, donc… Ah, mais saluez votre nouvelle camarade, enfin !
-Bonjour Lilas… »
L’adolescente jeta un regard à la salle, et tressaillit. Déjà, on l’observait en ricanant. Au deuxième rang, une fille parlait avec animation à sa voisine, en pouffant, tout en désignant le visage de la nouvelle. C’était toujours comme ça. Même dans ce vieux collège de campagne.
Lilas tourna la tête. Les larges boucles d’oreille du professeur principal tournaient doucement, au gré des mouvements que faisait leur propriétaire en parlant. Lilas frémit. Elle venait d’apercevoir sur la surface argentée, une demie seconde à peine, son reflet. Les longs cheveux châtains, bouclés, qu’elle aimait tant, encadraient son visage un peu rond. Son petit nez fin, discret, sa jolie bouche toujours souriante, et ses magnifiques yeux gris, elle les adorait, tout comme ses fins sourcils. Elle ressemblait toujours à une petite poupée. Oui, elle était belle…
Ou, plutôt, elle aurait du être belle. Elle avait été belle. La boucle d’oreille tourna à nouveau sa face argentée vers elle. A nouveau, Lilas aperçut son reflet, qu’elle haïssait tant. Elle détestait ce qu’elle était. Elle avait son propre visage en horreur.
En face d’elle, dans la classe, on riait toujours. Le professeur continuait cependant à parler, dans l’indifférence générale, de l’importance d’un comportement exemplaire envers la nouvelle. Lilas cessa de laisser son regard revenir systématiquement à la boucle d’oreille, pour se concentrer sur la salle elle-même. L’adolescente ignorait toujours la matière que pouvait bien enseigner leur professeur principal, et les vieux murs, totalement nus, froids, ne lui permirent guère d’en apprendre davantage. De vieux murs pour un vieux collège.
« Bon, Lilas, va donc t’asseoir à côté de Camille, finit par dire le professeur, en désignant une place au troisième rang.
-D’accord Madame…
-Donc, vous tous, et Camille en particulier, vous aiderez Lilas à s’adapter, je compte sur vous ! Bon, maintenant, ouvrez vos cahiers, on commence une nouvelle leçon ! Lilas, vous me direz ce que vous savez déjà, d’accord ? »
Elle commença à dicter une propriété. C’était donc un cours de Mathématiques. Lilas jeta un coup d’œil au cahier de Camille, où s’étalaient les dessins divers et variés. C’aurait dû être un cours de Mathématiques…

« Hey, la nouvelle ! »
Lilas ne se retourna pas. Elle en avait assez, de ce surnom stupide qu’on lui attribuait depuis déjà deux mois !
« Putain, la nouvelle ! Tu réponds quand on te cause ! »
Camille se planta devant elle, aussitôt rejointe pas sa bande d’amies.
« Qu’y a-t-il, Camille ?
-Nan, sérieux, t’es vraiment trop moche, j’arrive pas à m’y habituer, ricana l’autre. Qu’est-ce que tu fous dans notre collège, le thon, hein ? Tu cherches quoi, ici ? Pourquoi t’es là ? »
Ses amies gloussèrent.
Lilas ne répondit pas. Ce qu’elle cherchait ? Un peu de tranquillité. La paix, tout simplement. Un endroit où elle ne serait pas sans cesse persécutée.
« Tu réponds pas ? Conasse ! »
Lilas, par réflexe, se protégea le visage, et attrapa le poing que Camille avait lancé en sa direction, alors que celle-ci, surprise de sa rapidité, tardait à la réattaquer. Lilas allait lui tordre le bras, quand soudain une des filles lui frappa le dos. Surprise, elle lâcha Camille et tomba au sol. Les coups se mirent alors à pleuvoir, tandis que Lilas restait recroquevillée au sol, attendant simplement que se ennemies se lassent. Elle se retenait chaque fois de hurler qu’elle sentait la douleur, sachant, par expérience, que les coups n’en seraient que plus violent et plus nombreux encore.

Dans sa salle de bain, Lilas observait ses hématomes. Les traces bleues, sur ses bras, sur ses jambes, sur son ventre, sûrement aussi sur son dos. Les avait-elle méritées ? Tout ça parce que… Elle jeta un coup d’œil rapide à son reflet. La marque de la brûlure en forme de croix renversée, si laide, qui la défigurerait à vie, lui donna envie de vomir. Tout ça pour ça ? Alors qu’elle en souffrait déjà tant ? Alors qu’elle avait subi ça ?

« Madame ! Est-ce que je peux aller aux toilettes, s’il vous plait ?
-Lilas, la récréation est faite pour… Enfin, allez-y, mais dépêchez-vous ! »
Le professeur semblait soulagé de la voir sortir.
L’adolescente attendit patiemment que le cours eut repris. Une fois que la salle lui sembla suffisamment bruyante, elle sortit de sa poche la clef volée pendant la pause dans le tiroir du bureau du professeur, et ferma la porte, le plus silencieusement possible. Les fenêtres de la salle étaient minuscules, et les plus grandes ne pouvaient pas s’ouvrir. C’était un vieux collège, en partie fait de bois.
Il brûla très bien.

5 juillet 2007

Lavande et promenade

fleur_bleueEt tac, une 'tite fic bizarre (suis pas spécialement satisfaite du résultat, mais vu que les deux dernières me plaisaient que moyennement, elles aussi... =/).
J'ai essayé d'arranger la présentation ^^"

Je ne me souviens pas de ce que pouvait être la musique que j'écoutais. De toute façon, tout le monde s'en moque =P

L'image, je l'aime bien ^^ Mais j'ignore qui en est l'auteur, et elle va moyennement avec la fic (à part que y'a des fleurs et que l'ambiance fait bizarre...)

Bon, bref ! Bonne lecture ^^

Lavande et promenade

Ombre parmi les ombres. Animal sauvage au milieu de la nature. Regard perçant, vision totale du monde. Pleine lune. Nuage hésitant. Parfum de lavande.

Tranquillement, j’avance sur ce chemin paisible. Il fait nuit. Dans le ciel, la lune, parfaitement ronde, blanche, est la seule à éclairer encore ma route. Je regarde le petit bois que je dois traverser, et qui déjà se dresse devant moi. Tout à coup, le paysage s’assombrit à cause d’un stupide nuage capricieux. Allons bon ! Me voilà plongée dans les ténèbres. Peu importe, je connais le chemin. Je m’engage sans hésiter dans la forêt, me dirigeant au son des clapotis de la rivière, que je sais être plus loin devant moi.

Reflet lumineux de l’astre sur l’eau sombre. Lune tout juste cachée par un nuage. Forêt noire, si belle. Pas silencieux d’une ombre. Promeneuse solitaire… Parfum de lavande.

La promenade est agréable. La forêt est bien charmante, durant la journée, mais il fait toujours bon y marcher un peu. Plus loin se trouve un ravissant petit pont, que je ne verrai qu’à peine, mais par lequel il me faudra bien passer pour rentrer chez moi. Mon mari m’attend encore, je crois.

Regard. Pas vu ? Non, pas vu. Jolie demoiselle.  Encore quelques pas. Silence. Pas de bruit, surtout, pas de bruit ! Inspiration. L’odeur de lavande. Parfum de la jolie demoiselle. Lavande…

J’ai bien envie de prendre tout mon temps pour rentrer. Après tout, mon mari ignore encore totalement l’identité de la personne à laquelle je rendais réellement visite. Pardonne-moi, ma petite Maman, de t’utiliser encore comme prétexte pour aller le voir, lui… Mon mari ne m’y autoriserait pas. Mais, promis, c’était la dernière fois aujourd’hui.

Jolie demoiselle… Lavande… Bruit doux de l’eau qui coule. Pas silencieux d’une ombre. Odeur de lavande. Tronc rugueux contre lequel s’appuyer. Pas silen… Oups, brindille. Craquement. Jolie demoiselle ?

J’ai entendu un son, un son pareil à celui que produirait un fin morceau de bois se brisant tout à coup sous le poids de quelqu’un ou de quelque chose. Un… animal ? J’ai comme un doute… Je ressers mon châle autour de mes épaules. Etrange, comme un simple son peut vous donner tout à coup aussi froid ! Je consacre maintenant toute mon attention à ce que mes oreilles me rapportent.

Pas entendu ! Pas vu ! Non, pas vu ! Méchante brindille, brisée. Jolie, gentille, oui, jolie demoiselle. Si bonne odeur… Lavande. Nuage qui s’éloigne doucement. Lumière de la lune. Cachette ? Pas en vue… Pas de cachette… Pas silencieux d’une ombre.

Ca se rapproche. Ca arrive. Ca me suit… Doucement. Le plus silencieusement possible. Pas tout à fait. Je l’entends approcher encore. D’un geste vif, je me retourne.

« Oh ! Paul ! Que fais-tu ici ? »

Aaah… Le regard de la jolie demoiselle. Un sourire, un peu forcé. Reflet de la lune sur le couteau. Un sourire pour la jolie demoiselle. Beau cadeau. Odeur de lavande.

Il me regarde d’un air hébété, sourit vaguement, mais c’est un sourire imbécile, totalement creux. Mes yeux se posent soudain sur la lame, qui reflète la lune. Je pâlis.

« Paul ? Que… »

Attaquer ? Lavande… Jolie demoiselle. Bruit doux de l’eau. Lune ronde, si parfaite. Odeur de lavande. Jolie demoiselle qui s’enfuit. Reviens !

Je ne comprends plus rien. Pourquoi donc se promène-t-il avec ce couteau ? Me suit-il ? Je fais volte-face, ne pouvant plus supporter son regard, et commence à courir. Non, non, non ! Je ne veux pas mourir. Pas maintenant !

Courir. Toujours courir. Plus vite que la jolie demoiselle. La rattraper, vite… Lavande. Jolie demoiselle ! Couteau. Un cadeau pour la jolie demoiselle. Sang. Vite, du sang ! Sang à la lavande.

Il est là, déjà. Juste derrière moi. Il s’est lancé à ma poursuite.

Souffle rauque, fatigué. Jolie demoiselle !

La respiration difficile me rassure Je m’arrête, et, silencieusement, me retourne. A quelques mètres de moi, il s’arrête, et tend son couteau dans ma direction… Je le regarde droit dans les yeux.

Jolie dem… Clothilde !

« Clo… »

Toujours en silence, je regarde le couteau choir au sol, rejoint aussitôt par son malheureux propriétaire.

« Paul… Je te l’avais déjà dit, pourtant, mon cher cousin, que je ne voulais pas que tu tues encore mes poules. Il y en a marre de tes attaques à répétition ! Mon mari était très en colère. Vilain garçon ! Tu sais pourtant que mon cher George n’arrête pas de répéter que c’est moi qui te rendais aussi fou ? Ah, là, là ! Mon pauvre cousin… »

Il était pourtant déjà mort avant que je fasse ce discours, et je le sais. Mais, ça fait du bien, parfois, de parler pour ne rien dire. Satisfaite, je sors la petite fiole, vide, dont il a bu le contenu durant le dîner, sans le savoir. Dessus, ma « signature », gravée pour que les gens n’oublient jamais mon œuvre : « Clothilde, princesse des poisons ». Et cette odeur de lavande…

1 juillet 2007

Irène

DonneC'est une fic qui a surpris encore davantage que la précédente, même si la fin est légèrement ambigue (pauvre Risu, qui était vraiment choquée de me voir écrire des trucs pareils xD).

Même date que la précédente (hé oui =/).

Pas de musique particulière.

Quant à l'image, j'avais pas mieux =/

Un blabla pas trop long, pour une fois xD. Allez, bonne lecture ! ^^"

Irène

Je me suis toujours demandé à quoi tout cela rimait…

« Irène ! »

L’adolescente fit volte-face, se retrouvant nez à nez avec cette fille. Elle coinça machinalement l’une de ses mèches brunes derrière son oreille.

« J’ai dû courir pour te rattraper ! fit remarquer en riant l’intruse, ce qui agita légèrement ses longs cheveux châtains. Ca va ? »

Je me suis toujours demandé pourquoi je te connaissais…

« Irène ? »

L’intruse la fixait de ses splendides yeux bleus, en souriant.

« Pardon… Je vais bien. Et toi, ça va ?

-Oui ! Tu as fini les cours ? »

Je me suis toujours demandé pourquoi tout ce qui me concernait allait toujours aussi mal…

« Irène ? Dis-moi, tu sèches ?

-Oui.

-C’est pas bien.

-Ca te regarde pas, surtout.

-Je sais…

-Alors tais-toi. »

Je me suis toujours demandé pourquoi elle était si parfaite, cette fille…

« D’accord ! »

L’intruse fit un grand sourire, à nouveau, montrant ses dents blanches impeccablement alignées, lesquelles n’avaient jamais nécessité l’intervention d’un orthodontiste.

« Mais, euh, dis-moi… Que fais-tu par ici ? »

« Par ici », c’était une rue où vivaient uniquement des gens biens. Des gens qui avaient réussi. Des gens qui n’étaient pas comme Irène…

« Rien.

-Il doit pourtant y avoir une raison… Non ?

-Elle ne te regarde pas.

-Je vois… Tu veux venir à la maison, tant qu’à faire ?

-Non.

-Ah… »

Je me suis toujours demandé pourquoi j’étais comme ça…

« Tu n’es pas très bavarde avec moi, depuis quelques temps, remarqua l’intruse.

-En effet.

-Ce n’est pas très amusant, tu sais ? Tu finirais presque par paraître méchante, à agir comme ça… »

Je me suis toujours demandé pourquoi j’étais née…

« Irène ? Tu veux qu’on parle de quelque chose en particulier ?

-Non.

-Ca se passe bien, chez toi, en ce moment ? Tes petits frères vont bien ?

-Ca ne te regarde pas.

-Ta sœur est sortie de l’hôpital ?

-Ca ne te regarde pas, je t’ai dit !

-En fait, tu veux juste que je te laisse tranquille, murmura la fille.

-C’est dingue, mais t’as tout compris, là !

-D’accord… Au revoir…

-Adieu.

-Mais tu sais que je reste ton amie ! Je veux continuer à te parler, comme il y a quelques mois !

-Bien sûr… »

Et c’était bien là que se trouvait le problème.

Je me suis toujours demandé pourquoi, toi, ma meilleure amie, tu avais pu…

« Irène ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Je me suis toujours demandé pourquoi tu étais aussi gentille…

« T’es toujours là, toi ? Tu devais pas te barrer ?

-Irène… Je peux t’aider, tu sais ?

-Non.

-Je peux t’aider ! Dis-moi au moins quel est le problème !

-Quel est le problème.

-T’es pas drôle et tu te fous encore de moi !

-Evidemment.

-Okay, j’ai compris. »

L’autre s’éloigna, tristement.

Je me suis toujours demandé pourquoi je t’estimais tant, avant…

L’intruse releva soudain la tête, se retourna, et fixa son amie restée immobile.

Je me suis toujours demandé pourquoi j’arrivais si facilement à te haïr, parfois…

Et c’est la seule question à laquelle j’ai maintenant la réponse. Tu sais, c’est justement ta satanée gentillesse, cette douce hypocrisie, pourtant si effarante, et qui arrive si bien à mettre en valeur ta cruauté.

Je te hais.

Irène fixait l’intruse, qui se rapprochait doucement, en souriant.

« Allez, tu vois, je suis gentille. Un véritable petit ange, même ! Promis. Alors, dis-moi, s’il-te-plaît, dis-moi ce qui te tracasse…

-Non. Je ne veux plus te voir.

-Bien sûr que si, Irène… »

Je me suis toujours demandé pourquoi tu n’avais pas encore deviné…

Mais en fait… Tu le savais. Depuis si longtemps… Et tu en jouais.

Je vous hais.

« Tu sais, j’aime vraiment Dylan. A la folie. Il est tellement mignon, lui ! Et, après tout, ce n’est pas de ma faute si je suis normale, moi ! »

Elle s’éloigna, sans quitter son sourire, si désarmant.

Je me suis toujours demandé pourquoi j’étais née comme ça…

Et je le hais.

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